Polar glauque construit autour d’une secte démoniaque et du trauma d’un orphelin, "Sons of the Devil" mêle dynamique du thriller et atmosphère fantastique et horrifique. De quoi séduire sans des personnages, et notamment un héros auxquels on peine à s’intéresser et à s’accrocher.


Travis pourrait être heureux - patron bienveillant, copine aimante - mais un vide foncier qu’il ressent au plus profond de lui l’en empêche. Orphelin de naissance, il attribue à l’absence de ses parents et à son enfance difficile son penchant pour la violence, qui s’exprime en toutes circonstances, sociales, professionnelles ou intimes, et qui lui a valu déjà des déboires avec la justice.


Alors qu’il entreprend une thérapie de groupe sur injonction du juge, son passé commence à émerger, de façon violente là encore, croisant l’histoire d’une secte autrefois démantelée. Au sein de celle-ci, un gourou vouait un culte au Démon et entretenait un gynécée pour que ses adoratrices lui offrent de nombreux enfants.


Alternant l’errance de Travis au présent et la vie de la secte dans le passé, le récit se déploie de manière dynamique et efficace. On se situe pour l’heure dans un thiller poisseux, auquel le dessin de Tony Infante donne une réelle vivacité, et le versant fantastique du récit demeure discret, en simple toile de fond. Le scénariste Brian Buccellato - auteur avec Francis Manapul de la version New 52 de Flash, ou encore de Sur les traces de... Deadshot - rend là une copie plutôt convaincante.


Mais si l’on tremble pour les jeunes femmes qui tentent d’échapper à leur bourreau, on se désespère du comportement amer et violent du personnage censé incarner le héros de cette aventure. C’est là que le bât blesse : impossible ou presque d’éprouver la moindre empathie pour un personnage qui non seulement multiplie les erreurs mais surtout ne se questionne guère au passage, préférant des réponses toute faites, à l’emporte-pièce, attendant du hasard, c’est-à-dire de la bien heureuse destinée que lui trace le scénario - qu’il recolle les morceaux et lui donne raison.


C’est, pour tout dire, un peu dur à suivre et on célèbre presque les malheurs qui s’abattent sur Travis tant on a le sentiment qu’il les a bien cherchés. D’ailleurs, la suite promet un réelle descente aux enfers à notre héros, en espérant qu’une fois touché le fond il sera capable de remonter, de briller tant que faire se peut. Et surtout de voir sa personnalité, pour le moment trop plate et sans nuances, s’étoffer et acquérir une véritable profondeur. C’est que l’intrigue globale met en place tous les éléments pour cela et que ce serait dommage de manquer cet aspect là de l’intrigue.


Chronique originale et illustrée sur ActuaBD.com

seleniel
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le 27 mai 2017

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