Spirale
7.9
Spirale

Manga de Junji Itō (1998)

Toujours les mêmes défauts, toujours les mêmes qualités.

Ce qu'il y a de bien avec Junji Ito, c'est qu'on sait relativement bien où on va quelque soit ce que l'on se prend à lire. Spirale/Uzumaki, un de ses grands classiques est du Ito tout craché, pour le meilleur et pour le pire. Un prémisse engageant - une ville frappée par une malédiction obsédante du motif spiralé - des idées visuelles et une narration...mouerf.


Le meilleur, c'est enfoncer une porte ouverte que de le noter, mais c'est évidemment le dessin. Avec des nuances de noir, Junji Ito parvient systématiquement à créer des personnages reconnaissables, des planches lisibles même quand l'action s'intensifie, quand l'horreur envahie la page. Et question horreur visuelle, je pense que c'est ce que je préfère de lui jusqu'à présent. Certaines idées sont assez perchées et donnent un rendu plus drôle que réellement horrifique (la baston de cheveux à la récré, c'est un délire). D'autres sont à glacer le sang dans l'idée comme la réalisation.


Là où ça pêche par contre, c'est toujours au niveau de la narration un peu absurde, bancale et parfois rushée des histoires contenue dans Spirale. Un défaut que j'ai découvert avec Tunnel, une compilation au rythme effréné, où on a tellement peu de temps pour chaque récit que tout le monde parle comme un PNJ de Mass Effect pour arriver à donner toutes les idées en peu de pages. On retrouve donc le problème des personnages qui n'ont pas le temps de réagir comme des êtres humains normaux, en appelant les secours, en étudiant les situations de manière rationnelle avant de faire n'importe quoi ou en s'effondrant vraiment de tristesse ou de peur devant les horreurs qu'ils rencontrent (genre TON PROF QUI SE TRANSFORME EN ESCARGOT). Chaque chapitre montrant une facette différente de l'obsession pour la spirale, on a un début et une fin à chaque chapitre et donc le même problème de résolution un peu abrupte ou amenée trop rapidement.


Ceci dit, Spirale a la chance d'avoir un environnement, un prémisse et des personnages principaux communs à la vingtaine de récits qui le compose. Malgré ce défaut majeur de narration, Ito parvient quand même plus à faire monter la sauce avant de lâcher ses illustrations merveilleusement grotesques. Certes les récits sont isolés, mais en même temps ils ont cette malédiction de la spirale qui permet de ne pas perdre des pages sur des spéculations ou de l'exposition trop appuyée. On se focalise donc sur comment délivrer l'illustration ou les illustrations géniales du chapitre en cours.


Spirale montre encore une fois que Junji Ito est un artiste horrifique au talent indéniable qui tire un peu vers le bas son oeuvre avec des récits peu maîtrisés. La "chance" ou l'intelligence qu'il a eu avec Spirale, c'est que l'entièreté des chapitres sont dédiés à un sujet qu'il explore au maximum. Pensez à ce motif, comment il peut apparaître dans la vie de tous les jours, ajoutez-y du surnaturel, de l'absurde et beaucoup de malaise et vous êtes dans Spirale. Beaucoup d'horreur, un peu de rire aussi, mais clairement un classique quoi qu'il en soit.

seblecaribou
8
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Créée

le 15 déc. 2019

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seblecaribou

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