Des deux titres publiés par Glénat Comics, Superstar était sans aucun doute celui que j’avais le plus envie de lire. (L’autre titre étant Danger Girl Révolver) Kurt Busiek et Stuart Immonen aux commandes ça a de la gueule, il faut bien avouer. Le pitch m’a plu également, un comics pointant du doigt les dérives de la télévision et de la téléréalité à l’heure où nous sommes envahit par des bouses intellectuelles sur les chaînes de la TNT, me donnait également envie. Je parle, je parle et j’en oubli de vous donner le pitch en question.
Etre célèbre, c’est un pouvoir. Et c’est littéralement ce qui fait la puissance de Cody Bridges. Sous le nom de Superstar, il est le plus grand héros de la Terre… mais seulement tant qu’il fait de l’audience.
Assisté du puissant empire médiatique géré par son père Clay Bridges, Superstar est admiré de tous, perpétuellement sous les feux de l’actualité, et son job est de rester populaire. Mais où placer la limite ? A force de vouloir plaire à tout prix, le super-héros ne devient-il pas un simple produit de consommation courante, banal et périssable ?
Caly Bridges est un idéaliste, un jeune garçon qui veut pouvoir faire ce qu’il aime, ce dont il a envie sans avoir à subir les mauvais côtés qui vont avec. Ainsi dès qu’il se retrouve dans la possibilité de le faire il quitte la maison familiale, laissant son jeune frère derrière lui, afin de fuir un père tyrannique ne cherchant qu’à faire du profit à tout prix. Le jeune va se débrouiller et grandir par lui-même, petits boulots par ci, par là. Jusqu’au drame, jusqu’à l’accident, lors d’une expérience, se retrouvant avec ses pouvoirs. Et pouvoirs intéressants, plus les gens croient en lui, plus ils lui donnent de leur bio-énergie, plus il est puissant. Le concept est juste génial. Et je me dis à ce moment là « Génial, imaginons qu’ils soient plusieurs à avoir cette aptitude, ou que tout d’un coup on ne croit plus en lui ! »
Mais rien de tout cela. On assiste en fait principalement à des combats de la part de Superstar, entrecoupés de longues phases de complaintes de ce héros naïf, critiquant sans cesse sa médiatisation et le merchandising qui en découle, alors que c’est justement grâce à cela qu’il peut combattre.
C’est bien là le problème de ce récit. On n’assiste pas à un pointage du doigt de la médiatisation d’un super-héros, on assiste principalement aux lamentations d’un homme totalement utopiste. Pire, la façon dont Busiek nous dépeint son héros ne nous le rend pas sympathique, bien au contraire, Cody Bridges est d’une niaiserie affligeante. Il ne voit jamais rien venir et se fait avoir à chaque fois. Son père ! Sa petite amie ! Ce personnage ne me fait au final ni chaud ni froid.
Alors oui il y quelques références sur la dérive de la télévision, comme le spot publicitaire pour vendre des jouets à l’effigie du héros au moment où ce dernier se prend une sévère dérouillée par exemple. Mais tout cela fait plus prétexte qu’autre chose tellement la naïveté risible du héros prend le dessus. Je pense que Busiek a été dépassé par son idée de base, et le fait que ce one-shoot soit si court ne l’aide pas. On a l’impression de tomber en plein milieu d’une série, comme s’il y avait eu des épisodes avant et qu’il y en aura après.
Malgré tout, cela reste plaisant à lire, l’idée de base des pouvoirs est bien trouvée, et il est au final amusant de suivre ce gentil utopiste. Et surtout, Busiek nous fait passer le message, qu’à cause de la télévision les trois quarts des gens ne sont que des moutons.
Niveau dessin, l’auteur aura mis du temps à trouver le bon (comme on peut le voir dans les nombreuses pages de bonus de ce volume^^) en la personne de Stuart Immonen. De ce côté-là pas de surprise, c’est beau, sublime même par moments, vivant, donnant beaucoup de rythme à la lecture. Les personnages sont expressifs, les scènes d’action nous en mettent plein la vue.
Bref, un bon récit, mal construit, de bons pouvoirs, avec un mauvais super-héros, une bonne idée, pas assez exploitée et de très beaux dessins font de Superstar une demi-réussite ou un demi-échec c’est au choix, mais il faut le lire au moins une fois. Et il faut saluer Glénat Comics de nous proposer un catalogue si varié. A découvrir et faites-vous votre opinion.