Ôde à la suprême connerie de l'age d'or des comics

Attention, cet avis concerne les Tomes 1 et 2 de Suprême.

Bon, ça me fait un peu pitié de lire que l'avis sur Sens Critique qui remporte le plus d'avis positif sur cette bd est un avis du style "j'ai feuilleté cela, c'est parfois très con, blablabla...."

MAIS OUI, C'EST NORMAL QUE ÇA SOIT TRÈS CON, C'EST FAIT EXPRÈS !!

Bon, on va reprendre les choses dans l'ordre... Déjà, que cette bd est daté par le site comme étant de "1992" ce qui est largement contestable. Puisque la bd s'est étalé de 1992 à 2000 et que sa publication chez nous s'est faites bien plus tard et que cherchant à définir le comic book des années 1990 elle en reprend certains des codes.

Après avoir déconstruit les super-héros avec Watchmen, Allan Moore reprend un titre de Rob Liefeld que Moore disait lui-même ne pas trouver "très bon" et décide de tout faire péter et d'en faire une parodie déconstructive de Superman. Et il reprend tous les éléments un par un : débutant dans une galaxie où se trouve toutes les versions alternatives de "Suprême" (qui sont autant de miroir que les versions alternatives de superman, on y retrouve même "super-souris") il fait de son personnage une sorte de "reboot vivant" destiné à ramener les éléments perdus de son monde : son village d'enfance où il était le suprême kid (lire, "super boy") ses amis comme le professeur Knight (lire "batman") la ligue des super-héros temporels (lire "la ligue des justiciers") sa soeur Suprema (lire "supergirl") son ennemi, Darius Dax (lire "Lex Luthor") etc, etc, etc....

Et chaque flash-back se fait dans le style de l'époque avec les traits caractéristique, l'humour débile, les grosseurs et les éléments totalement stupides de l'époque. Donc, ÉVIDEMMENT que c'est très con ces ennemis qui ne peut s'empêcher de dire leurs plans en les marmonnant dans leurs barbes, ces situations résolues en 2 pages, ces fins d'épisodes où tout le monde rigole bêtement. C'est de la parodie surligné au stabilo avec le mot "attention parodie" au point qu'il faut vraiment être un peu bouché pour trouver que c'est du premier degrés.

Pour complexifier le truc, en tant que miroir de Superman, le héros a son identité secrète dans... une boîte d'édition de comics où il travaille avec Diana Dane (lire... enfin bref, vous avez compris...) sur un autre super-héros nommé Omni-Man qui lui même est un autre reflet dans le reflet. Et ça en devient génial lorsque les personnages parlent de l'intrigue de la semaine qui se trouve elle même être le miroir de l'intrigue qu'ils vont vivre.

Bref, chaque chapitre est à lui seul un hommage à un autre truc dans l'univers des super-héros et on sent qu'Alan Moore s'amuse à faire des commentaires sur les 50 années de continuités de ce genre de littérature. (Le volume 2 se termine avec un chapitre hommage à l'univers de Marvel et à Stan Lee où on peut s'amuser à jouer au jeu de "qui est qui" dans les super héros parodié.)

"Ouais, mais tu dis que c'est génial parce que t'es fan de Superman"
Même pas ! J'ai dû vaguement regarder la série "Lois et Clark" dans les années 90 et le premier Superman de Richard Donner et j'ai feuilleté deux ou trois comics de l'époque. (Ca m'est tombé des mains tellement c'était con.) Et j'ai quand même reconnu une grosse partie des références parce qu'on est quand même dans un monde où des films comme "The Dark Knight", "The Avengers" ou "Man of Steel" cartonnent au cinéma et qu'à moins d'être bouché pour passer à côté des affiches géantes qu'on voit dans le métro, on a quand même un peu de culture là dessus, non ? Non ?