Après quatre ans d'attente, le voici enfin de retour, plus impitoyable que jamais : le Docteur Radar.
Le criminel le plus intransigeant et le plus vil de l'entre-deux-guerres revient terroriser l'Europe pour assouvir sa soif de domination du monde. Et c'est en Italie qu'il continue à perpétrer ses crimes odieux.


Frédéric Bézian est un personnage à part dans le monde de la bande-dessinée, plus esthète que la plupart de bon nombre des autres dessinateurs ; ce qui lui vaut parfois d'être considéré comme élitiste, voire snob (Les Garde-fous). Son œuvre s'attache toujours plus à la narration visuelle et à l'esthétique de ses albums qu'à la structure proprement dite de ses histoires, et souffre souvent – à l'instar de celle d'un Druillet – de faiblesses scénaristiques (Aller-retour, Les Garde-fous) qui peuvent le faire devenir pompeux par excès d'auteurisme. En revanche, lorsqu'il est secondé par un véritable scénariste, il produit des choses à la lisière de la perfection. On en veut pour preuve sa magnifique contribution à DONJON MONSTERS en 2006, ou encore sa première collaboration avec Noël Simsolo en 2004, lorsqu'ils publièrent ensemble ce chef-d’œuvre qu'est Ne touchez à rien.


En 2014 est paru le premier tome de DOCTEUR RADAR (Tueur de savants) confectionné de mains de maîtres par ce même duo qui se retrouvait une décennie après Ne touchez à rien et basé sur une série radiophonique conçue par Simsolo au début des années 1990. Les intentions étaient claires : rendre hommage à un certain type de récits du début du siècle précédent ; FANTOMAS, DOCTEUR MABUSE, l'expressionnisme allemand et le cinéma muet en général ou encore l'Art déco.


Ainsi, découvrait-on des planches véritablement impressionnantes et d'une puissance d'évocation vraiment exceptionnelle. Le seul problème venait du fait que l'histoire se terminait sans conclusion réelle, alors que l'album n'avait jamais été annoncé comme le premier tome d'une série à suivre. Sachant que Bézian n'est pas homme de séries, mais quelqu'un plutôt tourné vers les récits autonomes, la frustration a commencé à se faire sentir jusqu'au moment où, tout de même, le dessinateur a annoncé qu'il y aurait des suites, en alternance avec ses projets personnels. C'était il y a quatre ans, et enfin, en ce début d'année, est parue cette suite tant attendue. Terreur en Italie s'inscrit dans la continuité immédiate de Tueur de savants. L'album commence sur les chapeaux de roue par l'évasion de Mariana, la complice numéro un du Docteur Radar. Le lecteur est d'emblée replongé dans l'ambiance du tome 1 et le rythme reste soutenu jusqu'à la fin. La mise en couleur est toujours aussi élégante, mais semble contribuer moins directement que dans le précédent album à la narration. On pourra également regretter l'absence d'une grande séquence d'action aussi fabuleuse et magistrale que celle du train qui faisait l'ouverture du tome 1. Mais le scénario est toujours aussi dense, les péripéties se succèdent, et cependant, l'humour se voit accordé une part plus importante que dans Tueur de savants, notamment par le personnage de Pascin toujours aussi truculent (la scène du Colisée). Ce qui n'est pas à négliger.
Le dessin de Bézian est évidemment toujours aussi impressionnant de maîtrise et si, à l'issue de la première lecture, on se sent un peu déçu du résultat (sans doute à cause de la longue attente de cette parution), la relecture permet d'apprécier l'album encore plus. Les relectures suivantes ajoutent encore à l'appréciation, et l'on se souvient que lors de la sortie de Tueur de savants, la sensation avait été la même. En somme, ce tome deux vaut le tome un. Et l'on espère grandement que le troisième volet sera aussi réussi. Tout ce que l'on souhaite est qu'il ne faudra pas attendre quatre longues années pour pouvoir le découvrir.
Bonne lecture !


TOME 3 "Morts à Venise" à paraître le 8 septembre 2021

Muffinman
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le 14 janv. 2018

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