Lorsqu’une attaque de grande ampleur frappe Moscou, les anciens dirigeants de feu Stormwatch se désolent qu’il n’existe à présent plus de force de réaction rapide à l’échelle internationale pour s’élever contre ce genre de menaces. La capitale russe est-elle condamnée ? Non ! Car Stormwatch n’est pas complètement morte ! Jenny Sparks est encore là, et même si la majorité de ses collègues a été décimée, elle peut encore compter sur certains survivants. Avec eux à ses côtés, elle compte bien se poser comme la plus haute autorité.

Le premier volume de The Authority, ce sont trois histoires menées tambour battant, trois menaces respectivement mondiale / interdimensionnelle / carrément cosmique qui visent la Terre - en ravageant systématiquement quelques capitales au passage - mais se heurtent bien vite à l’équipe de Jenny Sparks. La première, bien que très correctement exécutée, n’est pas la plus ébouriffante qui soit. Une sorte de terroriste qui veut dominer le monde, on l’a déjà vu. Une équipe d’être surhumains qui le combat en s’envoyant des vannes et en montrant bien qu’ils ne sont pas encore vraiment soudés, on l’a déjà lu aussi. Mais bon, ça fonctionne, et en 4 chapitres par arc on n’a pas le temps de s’ennuyer. Si on est honnête, on peut cependant avouer que Bryan Hitch nous livre des plans impressionnants, qui contribuent déjà à l’aspect épique du titre. Et puis petit à petit, la sauce prend.

Chaque arc a beau viser encore plus gros que le précédent, on sent que c’est complètement assumé, et surtout l’équipe créative fait montre d’une grande imagination. Le titre pourrait juste devenir de plus en plus bourrin, mais il réussit à demeurer surprenant voire… poétique. Il n’y avait par exemple qu’un scénariste britannique pour nous proposer une histoire de tentative d’invasion par une Albion d’une autre dimension. Et il n’y avait surtout que Warren Ellis pour nous proposer le troisième arc, dans lequel il laisse libre court à son goût pour la science-fiction pour nous offrir un ennemi pour le moins audacieux. Personnellement j’aime beaucoup le concept de The Carrier, la base de l’équipe qui est en réalité un gigantesque vaisseau féminin et conscient, voguant entre des dimensions parfois très oniriques. Certains membres de The Authority ont également des capacités qui changent des super-pouvoirs qu’on a l’habitude de rencontrer. Je pense au Doctor qui aurait pu s’appeler The Shaman avec ses pouvoirs liés à la nature (Changer le monde / Changer les choses / Avec des bouquets de roses ♬), Jack Hawksmoor dont les capacités sont liées aux villes, ou encore Jenny “HBIC” Sparks qui n’est rien de moins que l’esprit du XXe siècle.

En parlant de cette dernière, c’est notamment grâce à elle que cette surenchère fonctionne. Bien que la Terre soit toujours sur le point de sombrer dans le chaos total, elle assume totalement son statut de chef d’une équipe qu’elle a auto-proclamée “plus haute autorité” et la dirige d’une main de maître. On tient ainsi un titre absolument réjouissant, avec des héros qui affrontent des menaces toujours plus titanesques mais sans (trop) douter de leur capacité à y arriver.

Pour ce qui est des dessins, chapeau bas à Bryan Hitch qui aura réussi à tenir un rythme mensuel sur ces 12 chapitres malgré de nombreux plans extrêmement riches en détails, ce qui donne au tout une cohérence graphique, une identité qui manque à certains récits super-héroïques actuels (où on se dit que pour le même résultat, il aurait fallu au moins un dessinateur par arc et des fill-in sur la fin pour tenir les délais).

Point Minorités™ : On pourra déplorer un premier ennemi à l’apparence très caricaturale ainsi qu’une équipe très blanche, tout en appréciant qu’elle soit plus mixte qu’à l’accoutumée. Et puis surtout, The Authority compte dans ses rangs Apollo et Midnighter, qui par leurs pouvoirs rappellent énormément les personnages de Superman et Batman respectivement. Sauf que là, ils sortent ensemble, ce qui est un clin d’oeil plutôt rigolo aux indissociables plus grandes figures de l’univers DC. Cependant, dans ce volume 1 la comparaison s’arrête là étant donné que leur histoire à chacun est complètement différente et qu’il n’ont pas du tout le statut très iconique du Man of Steel et du Dark Knight (Apollo est plutôt en retrait et n’est pas le dernier de son peuple, tandis que Midnighter aime beaucoup plus la violence que Batman par exemple).

Bref, pour résumer The Authority, on pourrait dire que c’est ce qu’on aimerait lire actuellement quand on ouvre une série sur LA super-team d’un éditeur. Une équipe de héros variés, des créateurs qui débordent d’imagination, des histoires efficaces qui durent juste ce qu’il faut… Du divertissement, certes, mais du divertissement très bien exécuté.
cosmos
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le 22 mars 2015

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