Mikiyo Tsuda est une artiste atypique dans l’univers du manga. Auteur de shôjo le jour, elle se transforme la nuit pour écrire du shônen aï sous un différent pseudonyme. Le point commun entre les deux casquettes, c’est qu’elle utilise autant que possible des personnages principaux masculins.
En tant que mangaka de shôjo, il s’agit bien d’une particularité. Mais elle en a d’autres ! Déjà, tous les shôjo qu’elle a écrit à ce jour s’inscrivent dans un univers commun, et il n’est pas rare de voir les protagonistes d’un de ses titres apparaitre dans un autre ; par exemple, une des « princesses » de Princess Princess fait sa première apparition dans The Day of Revolution.
La dernière particularité de cette auteur, c’est qu’elle recourt à des thèmes que nous pourrions qualifier d’étranges, jouant énormément sur l’ambiguïté sexuelle. Mikiyo Tsuda a des sujets de prédilection un peu farfelus, mais au moins nous ne pouvons pas lui reprocher de ne pas être originale.

Dans le cas de The Day of Revolution, la base est effectivement originale ; la suite, peut-être un peu moins.
Imaginez, vous êtes un lycéen violent qui a réussi à prendre le contrôle de son école avec ses potes, et ce dès sa première année. Mais vous apprenez que vous êtes hermaphrodite, et techniquement une fille ; une découverte qui, au passage, va sauver sa famille au bord de l’explosion. Vous quittez l’école, et vous revenez quelques mois plus tard sous les traits d’une jolie lycéenne, garçon manqué certes mais au-dessus de tout soupçon. Sauf que vos anciens amis, ceux qui contrôlent le lycée, ne vont pas tarder à mettre à jour votre secret, et vont dès lors faire preuve d’un intérêt tout particulier pour vous. Situation on ne peut plus compliquée à gérer.

Nous suivons donc les aventures de Megumi, découvrant la vie de fille – avec le lot de décalage que cela suppose – et devant faire face à quatre prétendants pour le moins insistants qui ne sont autres que ses anciens meilleurs amis, et qu’elle continue de considérer comme tel.
Une fois la surprise passée et le secret dévoilé, l’histoire se révèle toutefois assez classique. La seule chose qui différencie Megumi d’une autre fille, c’est une féminité nouvelle et pas du tout assumée ; et le fait qu’elle entretient désormais avec ses amis des relations qu’elle n’aurait pas du tout imaginé : elle se verrait bien faire « des trucs de mecs » avec eux, tandis qu’eux préféreraient « des trucs de couples » et se montrent carrément envahissants.

La série ne compte que peu de personnages, mais la plupart possèdent un très fort potentiel comique. Elle ne compte aussi que deux volumes, et ce n’est finalement pas un mal ; plus, cela aurait été de trop. En effet, ce manga se montre très efficace, surprenant et drôle, dans ses premiers chapitres, avec une Megumi dépassée par les événements et qui essaye tant bien que mal (mais plutôt mal que bien) de cacher sa véritable identité ; et qui à ce propos ira de surprise en surprise. Par la suite, retour à un style plus classique, moins surprenant, et l’auteur semble avoir rapidement fait le tour de tout ce que la situation hors-norme de son héroïne avait à lui apporter.

The Day of Revolution est un manga réussi partant d’une base original, avant tout comique mais avec quelques pointes de tendresse. Indispensable pour les lecteurs de Princess Princess – qui, de toute façon, ont toutes les chances d’apprécier l’un s’ils ont apprécié l’autre – il constitue un bon moyen de découvrir cette mangaka hors-norme, même s’il ne s’agit pas forcément de son meilleur travail, car un peu trop basique sur sa seconde moitié. Seulement deux tomes, autant dire que cela ne représente pas un trop gros investissement pour un manga tout simplement plaisant.

Créée

le 5 mars 2012

Modifiée

le 27 août 2012

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Ninesisters

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