Quelle claque !!
Il est rare d'assister à un spectacle aussi intense pour une conclusion surtout à une époque où les fins de saga sont un peu trop décevantes à mon goût.
Avec le recul, il est encore plus dur de faire l'éloge d'une bd qu'on a adoré de bout en bout.
J'aurais l'impression de me répéter à force d'user et d'abuser des adjectifs tel que beau, merveilleux, sublime, incroyable ...
Je risque d'être à court de superlatifs.
Et faire l'éloge du travail de Frederik Peeters , c'est encore plus "banal".
Il a déjà prouvé son excellence à de nombreuses reprises et c’est presque étonnant que ça me surprenne encore.

Aâma, projet en 4 tomes dont voici la conclusion, se distinguait dès le premier volume par une approche très années 80 de la science fiction.
Pour moi, qui suis plus habitué à la SF moderne (en tout cas en BD), j'avais trouvé cette base surprenante et en même temps très rafraîchissante.
Graphiquement, on pense tout de suite aux univers débridés de Moebius et Jodorowski, tout y est organique (et beaucoup moins technologique) , la nature peut sortir tout droit d'un cauchemar et apparaître à tout moment ( ici sur le corps même du personnage qui m'a beaucoup fait pensé au tableau de Giuseppe Arcimboldo dont voici un exemple : http://rlv.zcache.fr/homme_vegetal_de_giuseppe_arcimboldo_vertumnus_carte_postale-rde0910c29d244f909d8d41d3b6c2860a_vgbaq_8byvr_512.jpg )
Autant dire que les références sont vastes et toutes assimilées à un univers riche, tordu et dangereux.
Le voyage aura été intense , épique, merveilleux et effrayant comme nous l'avait montré le tome 3.

Et maintenant que le corps de Verloc était assimilé par Aâma, qu'allait il devenir ? Pouvait il reprendre le contrôle ? Pouvait t'il la faire changer d'avis sur l'humanité et l'empêcher de retrouver sa fille ? Le veut il vraiment alors que justement c'est sa fille qu'il recherche le plus au monde ?

La conclusion répondra à toutes ces questions et souvent avec brio, émotion et intelligence.
Le tout mis en scène de façon épique.
Et le mot n'est pas galvaudé.
On est happé par les images , la narration éclatée qui dénote des 3 premiers volumes donne toute l'intensité des nouveaux pouvoirs de Verloc et son combat face à Roosevelt en fait un monument du genre.
Personnellement, j'ai décortiqué le bouquin une bonne dizaine de fois par passion mais aussi pour y découvrir comment un auteur arrive à aussi bien raconter une histoire.
Une source d'inspiration absolue.

Alors pourquoi "seulement" 9,5, me direz vous .
C'est du chipotage et en attendant de relire les 4 volumes à la suite ( car je pense que c'est nécessaire pour saisir toute l'essence du récit de Peeters ), j'ai trouvé que la toute fin était un peu trop proche de celle de "Koma".
Et en même temps, je trouve ça très chouette de voir les enfants comme les détenteurs de leur avenir et que c'est eux, une fois sans leur parent, qui devront faire leur propre choix pour rendre le monde meilleur.
On peut y voir une certain naïveté, moi j'y vois la vision d'un père qui croit en ses enfants.

Aâma fait partie de ses rares moments où je comprends pourquoi j'aime tant la bd.
C'est pour ce genre de récit , pour ces œuvres qui proposent une vraie vision d'auteur derrière un récit mainstream et qui prouve - malheureusement - que le genre est terriblement sous estimé par rapport à ce qu'il peut apporter en terme de richesse et de réflexion.
Stephane_Hob_Ga
9
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le 20 oct. 2014

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