La légende des légendes

Ha, quelle légende que Dark Phoenix Saga ! Peut-on oser parler encore de ce beau récit, central dans l'histoire des X-Men, avec un magnifique duo artistique. Claremont et Byrne ! Autant dire des Dieux de l'Olympe. Je vais donc tenter d'expliquer rapidement pourquoi ce récit est génial.

Avant toute chose Dark Phoenix Saga n'est pas seulement sur le Phénix Noir mais fait suite aussi au combat contre le Club des Damnés, à l'apparition de Dazzler et de Kitty Pride. Autant dire que les auteurs se lâchent et proposent une foule d'aventure innovante. D'une certaine manière cela fait également directement suite au combat contre Proteus.
À force d'user de ses pouvoirs psy Jean Grey ne cesse de sentir les force du Phénix, nom donné à sa nature de mutante, grandir. Désormais capable d'une télékinésie moléculaire et d'une télépathie sans limite, elle a l'impression d'être de plus en plus capable d'abuser de ses pouvoirs. Un danger que Cyclops voit également augmenter au fur et à mesure. Dans le même temps, un membre du Club des Damnés se met à posséder l'esprit de Jean Grey, la renvoyant dans le XVIIIe siècle et créant un lien amoureux avec elle.

L'esprit de Jean devient ainsi un lieu instable, capable aussi bien de protéger ses alliés, les X-Men, que de devenir le plus grand danger pour ceux-ci. Jean Grey disparaît petit à petit dans le Phénix, laissant place à une pure puissance, à une pure force, une pure énergie. Le Phénix devient ainsi l'as ultime des X-Men pour finir par devenir la plus grande menace que les mutants aient jamais rencontré.
Si le Phénix Noir est la plus grande saga des X-Men c'est justement par sa capacité à superposer les récits. La chute de Jean ne fait que suivre cette rencontre avec un Club des Damnés très bien pensés, basé sur des tensions politiques internes. Les membres du Club apparaissent tous dotés d'une réelle personnalité tandis que les mutants eux-mêmes sont dans la subtilité et la personnalité forte en même temps. Jean Grey navigue à travers le vice et le sous-texte sexuel est ultra-présent tandis que Wolverine n'a jamais été aussi bien écrit dans la nuance et dans le doute que dans cet arc. On appréciera particulièrement Xavier, Angel, Fauve et même la nouvelle Kitty Pride, tous diablement bien écrit.

L'histoire est sur l'amour, la rédemption, le pardon, l'espoir mais aussi la découverte de soi-même et finalement tout le récit peut se lire comme un hommage à l'amour d'un couple.
Le combat contre le Club des Damnés est un des temps les plus forts que Claremont écrit, rarement il parviendra à faire d'un affrontement quelque chose d'aussi juste. Cela est dû notamment à la nuance des adversaires, non-méprisant mais comprenant bien la nature et la force des X-Men. On adorera la monté progressive de l'affrontement, chaque manche faisant monter la tension. La tension du récit faisant écho à la tension interne à Jean jusqu'à la perte ultime de pouvoir.

La rédemption est magnifique bien entendu. L'amour est sublime. Rarement les X-Men parviendront à ce niveau là de subtilité, de puissance et d'efficacité. On comprendra qu'après ce récit, le seul moyen de ramener Jean était de la séparer d'elle-même, c'est-à-dire la séparer du Phénix car ce récit était un aboutissement parfait.

Enfin, rappelons nous que cet arc est un ultime pied de nez à Stan Lee de la part de Claremont : Stan Lee pensait que les femmes, même avec des pouvoirs, sont quasiment sans utilité réelle, elles servent de demoiselle en détresse. Claremont a voulu faire de Jean Grey non plus une simple héroïne, mais bien une déesse cosmique. Claremont n'hésite pas à comparer les X-Men aux Avengers, aux Fantastic Four, à Spider-man, et la conclusion est là : Phénix est du niveau de Galactus. Une femme, dans toute la puissance de son âme, vaut le dévoreur de monde. Car, in fine, la passion sans barrière est supérieur à l'imagination des auteurs de comics.