Uncle Sam
7.6
Uncle Sam

Comics de Steve Darnall et Alex Ross (2010)

L'Oncle Sam, l'un des symboles des Etats-Unis, aux côtés de l'Aigle et de Columbia, nous renvoi à tous l'image de cet homme d'âge mûr en redingote élimée et colorée et en chapeau haut de forme aux couleurs de la bannière étoilée sur une affiche au slogan mondialement connu : « We want you in the U.S Army. »
Il pointe un doigt vers le lecteur pour interpeller sa conscience et son cœur, et l'inciter à aider son pays.
Pour l'anecdote, ce serait le 7è président des USA Andrew Jackson qui aurait prêté son allure à cette figure emblématique, d'autres attribuent les origines d'Uncle Sam à Samuel Wilson dont les affaires de fournisseur de viande de l'armée américaine, prospérèrent durant guerre anglo-américaine de 1812. Il faisait livrer sa viande séchée dans des barils, propriétés du gouvernement, signées U.S, les soldats l'auraient alors affectueusement nommés Uncle Sam.
Ce dernier est la personnification du mythe américain, le symbole des valeurs auxquels ce pays à toujours voulu croire.
Darnall et Ross ont entrepris au travers de cette œuvre une dé-construction méthodique de ce mythe.
Tout commence par la vision de cet homme en guenille, Sam, tenant des propos incohérents, soliloquant, errant comme une âme en peine dans les rues typiques d'une cité typique des E-U. Il est en proie a de violentes visions d'un passé agité, le renvoyant à des phobies archaïques : « vous ne pouvez pas me sortir...il y a un ours dehors ! » (L'ours étant le symbole de la Russie), mais surtout aux moments les plus sanglants de son histoire :
en commençant par l'extermination systématique des tribus indiennes, le non respect de tous les traités passés avec ses peuples (« la seule promesse tenue fut celle de nous prendre nos terres ») , l'esclavage et le lynchage des noirs par les blancs, l'exploitation sociale au profit du roi Capital, la carcéralisation de la société qui n'empêche pas la violence, la paupérisation du peuple, notamment par la spéculation immobilière et la malbouffe, l'exploitation des uns, la majorité, par une minorité de nantis avides de profit etc....
Un spectacle peu reluisant, qui trouve son apogée en une image choc, la vision d'un Sam sombre et corrompu, un Némésis fumant un cigare fait de dollars sur un siège (une montagne) de TV, écrasant ses cendres sur le toit du Capitole, cristallisant ainsi dans une simple double page une partie des travers sus-exprimés.
Puis Il va rencontrer Britannia, la Grande Angleterre impériale, elle aussi un symbole devenu impuissant qui avoue ses errances, mais aussi Marianne et l'ours Russe, symboles de liberté ayant connus leur heure de gloire mais oubliés dans les méandres de l'histoire, ils ne sont plus que des chimères.
Mais cette entreprise de démystification et de dé-construction du symbole et du rêve américain n'est pas juste nihiliste, elle débouche sur l'idée d'espoir par l'acception de ses erreurs, et elle dénonce non pas le rêve et les rêveurs ou les valeurs, mais le détournement cynique et profond qui en est opéré.
Ross et Darnall ont fait là un beau travail, une dénonciation habile et intelligente des dérives d'une Amérique pourtant pleine de promesses et d'idéaux.
Le dessin de Ross fait des merveilles pour retranscrire l'intensité dramatique, la tragédie, mais aussi l'espoir et la grandeur, lui que j'avais déjà présenté pour sa capacité à magnifier les Super-Héros, réussi à merveille dans un genre plus engagé.
Quant à Darnall sa construction de la narration à la première personne se questionnant en une alternance d'ellipses temporelles s'opère dans une fluidité et une compréhension étonnante.
Un excellent comics, qui prête autant à réfléchir qu'à s'émerveiller, un candidat tout désigné pour siéger en bonne place dans une BD-thèque idéale.

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le 14 oct. 2011

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Cosmoclems

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