Riad Sattouf aime-t-il son père ? La question peut sembler incongrue, mais je me souviens d'une bd où on lui posait la question. Suite à une bd qu'il avait fait sur sa circoncision, Riad Sattouf avait raconté en bd qu'une association avait porté plainte et qu'une fonctionnaire de police lui avait alors posé des questions. Alors que celui-ci remarquait que la fonctionnaire ne portait pas de soutien-gorge, elle lui demandait au détour d'une case s'il aimait son père. Et celui-ci de répondre que, oui, évidemment.


Et à la fin de ce premier volume de L'Arabe du Futur, un récit d'enfance, je me suis posé la question, tant le personnage du père est montré sans "concession." En même tant il prend une place centrale dans cette bande dessinée, étant donné que c'est lui, qui, à la fin des années 70 décide d'amener femme et enfant dans la Lybie de Kadhafi


Et donc, on trouve un personnage qui est parfois attachant parfois pathétique. Celui-ci a des préjugés sur la religion, la place des femmes et l'éducation des enfants, mais pour un homme issue de la Syrie des annés 50, difficile de s'imaginer que le gars va avoir un discours progressiste (surtout si on le met en parallèle avec l'évolution des moeurs dans les années 2010). Et parfois, on le voit tendre, on sent qu'il veut le meilleur pour sa famille sans se rendre compte que ce qu'il estime être le meilleur n'est pas ceux à quoi ils aspirent.


Après, Riad Sattouf donne une vision des souvenirs d'enfances qui échappent au côté "enjolivé" de ce genre de récit. Il faut dire que le choc d'un enfant français qui doit se mettre à vivre dans un moyen-orient en voie de développement est assez intéressant : les rues sont encore sales, les bâtiments sont délabrés et les autres enfants peuvent être très méchants. (La scène de lapidation du chien est assez violente.)


Mais c'est aussi ce qu'il y a de bien chez Sattouf, cette façon dont il porte un regard assez désabusé qu'il effectuait dans "La vie Secrète des Jeunes" ou de "Retour au Collège." Les gens sont parfois idiots, pathétiques mais c'est ce qui les rends involontairement drôle et, au fond, assez humains. Et après tout, pourquoi son père échapperait-il à cette vision des choses.

le-mad-dog
8
Écrit par

Créée

le 7 juin 2018

Critique lue 311 fois

2 j'aime

Mad Dog

Écrit par

Critique lue 311 fois

2

D'autres avis sur Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984) – L’Arabe du futur, tome 1

Du même critique

Un chien andalou
le-mad-dog
8

Arrêtez de dire que vous ne comprenez pas ce film !

Un Chien Andalou faisant parti d'une liste de films à voir qu'avait ma copine, je l'ai donc revu. Et c'est limite un passage obligé dans les études sur le cinéma. (Le film était gratuit sur YouTube à...

le 12 janv. 2023

87 j'aime

Marvel's Iron Fist
le-mad-dog
4

Pourquoi c'était moyen.

J'ai eu deux fois mal au cul la semaine dernière : La première fois en me pétant le coccyx, la seconde, en me matant l'intégrale de la première saison d'Iron Fist que j'ai regardé "faute de mieux"...

le 1 févr. 2023

52 j'aime

11

Blow-Up
le-mad-dog
5

Antonioni ou la métaphore du mime qui fait du tennis !

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel version....heu.... non...." En fait, il ne fait partie d'aucune de mes listes de rattrapage de films. Bizarre, j'étais certain qu'on me l'avait...

le 22 oct. 2016

51 j'aime

6