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Ce tome fait suite à Désir de mort (épisode 11 à 15) qu'il faut avoir lu avant (en fait il faut avoir commencé par le premier tome). Il contient les épisodes 16 à 20, initialement parus en 2015, écrits par Joshua Williamson, avec une mise en couleurs de Miroslav Mrva. L'épisode 16 a été dessiné et encré par Juan Jose Ryp. Vladimir Krstić Laci a dessiné et encré les épisodes 17 à 20, avec l'aide de Goran Sudzuka pour l'épisode 20.


Épisode 16 - L'action se déroule dans une petite ville d'Allemagne où un mariage est sur le point d'être célébré. Les promis éprouvent des doutes chacun de leur côté. Les 2 familles ne s'entendent pas très bien, et cela remonte à plusieurs générations. Le prêtre est en retard. Markus Schrecken s'apprête à assister à la cérémonie de mariage, avec à ses côtés Edia Rusnak, contrainte et forcée.


Épisodes 17 à 20 - Grâce à la vieille sorcière, Jackson Winters a eu vent de ce que prépare Markus Schrecken. Avec l'accord de l'agent Creed du FBI, il se rend dans la ville d'Allemagne, accompagné par Nina Bloodcrow et Oliver King. Ils vont devoir passer de l'autre côté, dans le monde des morts. En cours de route, le lecteur apprend ce qui s'est passé à la Nouvelle Orléans des années plutôt.


Comme à chaque tome, le lecteur se demande quel genre de mission va accomplir Jackson Winters. Le premier épisode déconcerte par sa partie graphique, parce que Juan José Ryp réalise des dessins très chargés en détails, en gardant une force viscérale impressionnante. Il ne manque pas un bouton au gilet du marié, ni une arabesque de dentelle sur la robe de la mariée. Chaque invité à la noce porte une tenue différente. Quand la violence éclate, l'artiste représente une trentaine de personnages en train de s'entretuer en une seule case avec un luxe de détails. Comme souvent le lecteur est tenté d'établir une comparaison avec les dessins de Geoff Darrow, en termes de densité de détails. Par contre les dessins de Ryp sont un peu moins lisibles que ceux de Darrow, autant surchargés, mais avec une gestion de la profondeur de champ moins bien maîtrisée. Il n'en reste pas moins que le lecteur se retrouve à la fête, évoluant entre les convives en attente de la cérémonie, et coincé dans une foule meurtrière quand tout dégénère.


Pour cet épisode, Joshua Williamson met en scène un mariage qui dérape. Il se moque de lui-même avec un personnage faisant référence à Roméo & Juliette de Shakespeare, reconnaissant où il a été puiser son inspiration. Il sacrifie au cliché du la cérémonie de mariage qui tourne mal. Il se contente de montrer Schrecken comme un individu se repaissant du mal qu'il fait subir à ceux qui l'entourent, tout en dominant Rusnak par la peur. Les dessins très explicites de Juan Jose Ryp sont sur le fil, entre gore voyeuriste et grand guignol, attestant de l'étendue du massacre. Le lecteur en ressort impressionné et un peu indécis sur l'intention de l'auteur, entre premier degré et farce macabre. La suite permet de comprendre qu'il y avait une part de parodie, dans ce chapitre qui sert de prologue à l'histoire principale.


Joshua Williamson a donc imaginé une nouvelle mission de type impossible pour Jackson Winters. Dès le tome 2, le scénariste avait montré que cette série ne se limite pas à une suite de missions sans rapport. À chaque fois, le lecteur en apprend un peu plus sur la vie personnelle de Winters, et il y a des conséquences durables d'une mission à la suivante. Cette quatrième mission ne déroge pas à la règle puisque le lecteur retrouve des personnages des tomes précédents, et que Winters est toujours sous le joug de l'agent Creed du FBI. De tome en tome, l'auteur augmente le degré de surnaturel. Il a établi l'existence de fantômes plus ou moins malveillants, d'âmes n'ayant pas gagné le repos, et d'entités surnaturelles qui restent très vagues. C'est toujours le cas dans ce tome, sans référence à une religion.


Le scénariste a imaginé une nouvelle mission, d'une ampleur sans précédent, qui nécessite une bonne dose de suspension consentie d'incrédulité quant à l'objectif de Markus Schrecken. Une fois cet objectif accepté (plus ou moins de bonne grâce) par le lecteur, c'est parti pour une aventure sortant de l'ordinaire. Il n'est pas possible d'en dire plus pour ne pas gâcher la surprise. Dans un premier temps, la progression est impeccable. Le scénariste relie ensemble 2 ou 3 éléments des tomes précédents, avec une certaine forme de malice, un humour à froid amusant. La personnalité des protagonistes se limite à l'objectif qu'ils ont chacun en tête. Ceux qui accompagnent Winters n'ont pas de caractère très affirmé, la palme de l'insipidité revenant à Oliver King qui continue à douter de ce qu'il voit et qui prouve indubitablement l'existence du surnaturel à chaque page. Jackson Winters a pour seul objectif de contrecarrer Schrecken. Ce dernier a un objectif plus personnel, compréhensible, même si le moyen pour l'atteindre nécessite cette augmentation de suspension consentie d'incrédulité.


Les épisodes 17 & 18 comprennent plusieurs trouvailles quant au chemin à parcourir par les personnages pour se rapprocher de l'objectif de Schrecken. Les épisodes 19 & 20 nécessitent à nouveau d'augmenter le niveau de suspension consentie d'incrédulité et donnent l'impression que le récit acquiert une composante humoristique peut-être plus importante que celle prévue par le scénariste. Le récit quitte le thriller à base de mission impossible, pour lorgner vers une forme de comédie, pas très horrifique. En parallèle de l'intrigue principale, Williamson lève le voile sur les événements de La Nouvelle Orléans auxquels l'agent Creed faisait allusion dans le tome précédent. Le lecteur découvre ce qu'il en est, en se demandant pourquoi l'auteur lui raconte ça. La réponse arrive dans le dernier épisode, pas très convaincante.


Vladimir Krstić Laci est un nouvel artiste sur la série. Ses dessins sont moins détaillés que ceux de Ryp, mais plus que ceux de Davide Gianfelice. Dans un premier temps, le lecteur apprécie la qualité des décors : demeure dévastée de Schrecken, place du village allemand, cohorte de fantômes cramoisis, cimetière sous la neige, pièce blanche. En jouant sur la variation de l'épaisseur des traits de contour, l'artiste confère un certain poids à chaque élément, une impression de texture, avec des formes précises. Les stèles du cimetière sont ouvragées, mais sans plus, avec une belle impression de pierre, un peu émoussée par le temps qui passe. Les objets dans la demeure de Schrecken sont également marqués par le passage du temps, chacun avec une forme particulière reconnaissable, sans rien de générique. Lorsqu'un personnage est enterré vivant, le lecteur peut sentir la malléabilité de la terre qui est jetée sur son corps inanimé.


L'artiste doit représenter plusieurs manifestations surnaturelles, ainsi que quelques scènes horrifiques. Laci reprend bien la mise en scène de Ryp pour le carnage dans le village allemand, mais sans le niveau de détails, il ne s'agit plus que de cadavres sans identité empilés les uns sur les autres, sans sensibilité horrifique ou morbide. Le lecteur ressent beaucoup plus l'inhumanité consistant à recouvrir un individu de terre, juste pour ne pas lui donner sa part d'argent. Le coup de poignard en plein ventre n'est pas gore, mais les mouvements des personnages ne laissent pas de doute sur la violence du coup porté. Lors d'une séquence, les personnages doivent progresser les yeux fermés au milieu d'ectoplasmes rouge sang, immobiles, mais pouvant s'animer à tout moment. L'artiste sait transcrire le caractère surnaturel et angoissant de ces spectres, ainsi que la tension qui habite les protagonistes vivants soumis à une forte angoisse psychologique.


D'une manière générale, Vladimir Krstić Laci réalise des planches avec un bon niveau de détails, avec des personnages vivants, et une mise en scène adaptée. De temps à autre, comme dans tous les comics, il recourt à des techniques lui évitant de dessiner les arrière-plans. Le contraste avec les autres planches est tel que le lecteur le repère immédiatement ce qui nuit à son degré d'immersion, la différence étant trop criante.


Ce quatrième tome repose sur une nouvelle mission impossible de plus grande ampleur que les précédents, demandant une augmentation du niveau de suspension consentie d'incrédulité de la part du lecteur. Sous réserve qu'il la consente, il découvre un prologue (épisode 16) entre comédie horrifique et horreur premier degré qui remplit son rôle de point de départ. Puis il suit les protagonistes dans un voyage impressionnant, pour un objectif un peu gros. Joshua Williamson se concentre sur l'intrigue aux dépends des personnages, pour un divertissement de bon niveau, avec des illustrations d'une qualité supérieure à la moyenne, malgré la disparition intempestive des arrière-plans par moments.

Presence
7
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le 27 juin 2020

Critique lue 33 fois

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