Watchmen
8.5
Watchmen

Comics de Alan Moore et Dave Gibbons (1986)

C'est une somme très cohérente, bourrée à craquer de références à toute la culture populaire de la seconde moitié du XXe siècle, de clins d'œil et d'allusions subtiles à la structure géopolitique de la Guerre froide. Les amateurs de mise en abîme seront comblés (il y a plusieurs "livres dans le livre"), notamment avec les articles de journaux, études, essais, reportages ou interviews qui séparent les épisodes – une technique narrative qu’affectionne Alan Moore qui semble ainsi nous démontrer qu’il en avait tellement à raconter que l’intrigue principale n’y suffisait pas.


En outre, l'œuvre jouit d'une écriture très cinéma, souvent talentueuse, qui explose les codes de la BD traditionnelle pour mieux la magnifier. Chaque personnage, en plus d'être ce qu'il paraît (un individu ordinaire dont le costume reflète une schizophrénie latente et un sentiment d'inadaptation sociale patent), se révèle comme un archétype de tout ce qui avait nourri le comic-book de genre, du justicier de l'ombre avec force cape, masque et gadgets, à la brute épaisse en passant par le mutant (Dr. Manhattan, présenté comme une aberration totale mais également comme un arme aux pouvoirs incommensurables - le seul vrai super-héros dans le sens où nous l'entendons aujourd'hui), le détective parano (Rorschasch au charisme dingue) ou le self made man intègre.


Bien entendu, ce qui sidère le plus, c'est la faculté de tisser des histoires qu'on croit d'abord sans lien entre elles avant de s'apercevoir que tout se tient. Une forme d’accomplissement.


Bon, la fin est légèrement décevante, en ce sens que certains éléments ne sont pas vraiment explicités. On peut aussi tiquer parfois sur la traduction. Mais c'est vraiment pour chipoter. Le dessin de Gibbons s'affirme au fur et à mesure qu'on avance dans les enquêtes parallèles, la paranoïa et la lecture d'un comic de pirates dont certaines cases viennent se superposer à l'intrigue.


Une véritable merveille, parfaitement huilée, aux personnages ciselés. Un chef-d'oeuvre absolu du genre.

Vance
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Créée

le 22 mai 2018

Critique lue 143 fois

Vance

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