Ce tome contient les épisodes 394 à 409 de la série "Uncanny X-Men", ainsi que le numéro annuel 2001, initialement parus en 2001/2002, tous écrits par Joe Casey. Ces épisodes sont successivement dessinés par Ian Churchill, Sean Philips, Tom Raney, Ashley Wood, Ron Garney et Aaron Lopestri. Ces histoires se déroulent concomitamment aux New X-Men de Grant Morrison.


L'équipe est essentiellement composée de Nightcrawler (Kurt Wagner), Wolverine (Logan), Iceman (Bobby Drake), Chamber (Jonathan Starsmore), Angel (Warren Worthington III) et Stacey X.


En guise d'introduction, les X-Men doivent arrêter Warp, un mutant qui se la pète en massacrant des soldats à Cape Citadel (le lieu de la première confrontation entre les X-Men et Magneto). Épisodes 395 à 398 - Jonathan Starsmore s'est mis à la colle avec Sugar Kane (une jeune popstar qui s'est entichée de lui) à Londres. Dans les sous-sols désaffectés de la capitale anglaise, des mutants défigurés survivent tant bien que mal, jusqu'à ce que surgisse Mister Clean) un tueur de mutants qui vient pour les massacrer.


Épisodes 399 & 400 - Warren Worthington se rend compte que ses entreprises financent une maison close où des mutants réalisent des passes, alors qu'un nouveau groupe anti-mutants fait son apparition, l'Église de l'Humanité. Annuel 2001 - Telford Porter (Vanisher) s'est lancé dans une nouvelle carrière, sans costume ridicule : dealer d'une drogue un peu spéciale.


Épisodes 401 à 409 - Sean Cassidy (ex-Banshee) a décidé d'arrêter de boire et de devenir proactif. Il a créé une entreprise qu'il appelée X-Corps, dont le siège social est à Paris. Cette équipe (constituée de mutants au passé discutable, et d'anciens membres de Generation X) a pour lettre de mission d'être la police des mutants, les protégeant des menaces, mais châtiant aussi les mutants récalcitrants. Malheureusement il y a un loup dans la bergerie.


Pas facile d'exister quand on est en concurrence directe avec Grant Morrison, sur l'autre série mensuelle des X-Men. Joe Casey est un scénariste qui a aussi bien écrit pour Marvel que pour des séries indépendantes dont il a gardé les droits, avec un ton assez personnel (voir Vengeance pour Marvel, ou Butcher Baker, the righteous maker chez Image). Pour ces épisodes, il adopte une tactique qui consiste à mettre en œuvre une série à l'effectif réduit et à élargir l'horizon.


Joe Casey ajoute donc plusieurs nouvelles créations : l'Église de l'Humanité (une nouvelle secte religieuse anti-mutant, pas vraiment original), des mutants se cachant dans des tunnels délaissés à Londres (copié-collé des Morlocks à New York, en moins consistant), un groupe de mutants faisant la police parmi les mutants (déjà un peu plus original, même si le dispositif s'effondre rapidement), une nouvelle arrivante Stacey X (franchement originale et provocatrice).


Au départ, Casey s'en sort plutôt bien avec l'équipe. Il prend soin de développer les sentiments d'un personnage par histoire, pour fournir un point d'encrage émotionnel au lecteur, et générer de l'empathie. À ce titre, Jonathan Starsmore offre un point de vue original, puisqu'il s'agit d'un mutant peu préoccupé par le sort de sa race, avec un niveau d'altruisme assez faible qui ne l'incite pas à lutter contre les supercriminels. Passé "Poptopia", Starsmore doit partager le devant de la scène avec les autres X-Men, ce qui diminue fortement le niveau d'investissement émotionnel, jusqu'à ce que le lecteur se désintéresse de ces gugusses sans personnalité (avec quelques sursauts de ci de là, comme les questionnements de Kurt Wagner).


Au départ, l'intrigue n'a rien de passionnant, la redite sur les Morlocks étant vraiment moins bonne que l'original, squelettique et inutile. L'arrivée de Stacey X pimente un peu le récit et ramène sur le devant le thème de la différence et de l'acceptation, les X-Men bon teint regardant d'un drôle d'air cette prostituée d'un genre qui sort de l'ordinaire. De la même manière, le concept du X-Corps est original et l'instauration d'une police des mutants promet des dilemmes épineux. Mais très vite, Casey réoriente le récit vers un complot sans intérêt.


Enfin cette série est secondaire, c'est-à-dire dépendante de celle Grant Morrison. Casey n'a donc pas la possibilité d'introduire des évolutions significatives dans les personnages ou la continuité. Cette contrainte renforce la nature de second choix de ces épisodes.


Pour la mise en images, les scénarios de Joe Casey sont traités de manière hétérogène. Le premier épisode est dessiné avec minutie et entrain par Ian Churchill avec un encrage très précis. Churchill reste jusqu'à l'épisode 396, avec une diminution de la densité des décors au fur et à mesure, et des cases très vivantes, malgré des personnages un peu caricaturaux. Il cède sa place à Sean Phillips pour l'épisode 397 qui est encré par Mel Rubi pour une esthétique proche de celle de Churchill.


Les dessins changent de registre avec l'épisode 398, dessiné par Phillips, avec un encrage beaucoup plus personnel d'Ashley Wood. Les décors deviennent inexistants, mais les traits sont plus secs, plus vifs et plus coupants. Épisode 399, Tom Raney assure les dessins et revient dans un registre superhéros plus traditionnel, plus détaillé, plus consistant.


L'épisode 400 est dessiné par 6 artistes : Cully Hamner, Ashley Wood, Eddie Campbell, Javier Pulido, Sean Phllips et Matt Smith, pour un mélange heurté d'images industrielles et d'images d'art et d'essai. Ashley Wood assure tout seul la mise en images de l'annuel 2001, avec une approche graphique originale et expérimentale intéressante, mais au service d'un scénario trop classique.


Ensuite Ron Garney dessine les épisodes 401 & 402, suivi par Aaron Lopestri pour le numéro 403, puis Sean Phillips les numéros 404 & 405, retour de Lopestri pour le numéro 406, et Phillips revient dessiner les épisodes 407 à 409. Cette alternance entre une approche graphique traditionnelle et une approche plus expressionniste (celle de Sean Phillips) finit par nuire à l'immersion du lecteur. En outre Sean Phillips dose mal la densité d'information dans ses dessins (ils ne sont pas assez descriptifs). Les autres ont du mal à rendre crédible les péripéties, en particulier la destruction de Paris (l'Arc de Triomphe et même la Tour Eiffel) qui ressemble à des maquettes mal faites.


Pour tenir compagnie à la série mère écrite par Grant Morrison à la même époque, les responsables éditoriaux prennent des risques en confiant la série secondaire à un scénariste peu conformiste, et des dessinateurs prêts à expérimenter (en particulier Ashley Wood). Le résultat est en dessous des attentes du lecteur. Joe Casey manque d'assurance dans le développement de ses intrigues (il fera beaucoup mieux avec une équipe moins prestigieuse Wildcats Version 3.0). Ashley Wood et (dans une moindre mesure) Sean Phillips sont trop éloignés des canons habituels des comics de superhéros et doivent cependant dessiner des scénarios assez classiques du genre. Les autres dessinateurs ont du mal à donner corps et consistance aux scènes spectaculaires.

Presence
3
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le 5 sept. 2019

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