Aiôn
6.3
Aiôn

BD franco-belge de Ludovic Rio (2019)

Le capitaine Lexi Néel est réveillée de sa phase d’hyper-sommeil, par son androïde de bord qui a intercepté un signal de détresse à mi-chemin de leur voyage de retour sur Terre. Le message proviendrait d’une ancienne colonie scientifique située sur la planète forestière d’Aiôn. Arrivée aux portes du centre de recherche, Lexi est accueillie par l’androïde Maxine qui lui ouvre les portes et lui annonce que le docteur Elliot Lorenz, dernier résident humain de la station, est mort 8 mois auparavant…


Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas l’auteur de cet album, Ludovic Rio (que je ne connaissais pas, mea culpa) mais la couverture et le sujet SF plein de promesses, qui m’ont donné envie de lire cette œuvre. J’en avais entendu parler par une newsletter de Dargaud, qui faisait la promotion de leur toute nouvelle collection SF (« Vision du futur »). Celle-ci propose à des jeunes auteurs de donner une projection de ce que pourrait être le futur mais en restant dans une extrapolation crédible. Premier opus de la collection, dont 6 titres sont déjà annoncés pour les mois à venir, Aiôn fait la part belle aux humains, aux androïdes et aux voyages temporels.


Pour en savoir plus sur l’auteur, je me suis renseigné désirant approfondir ma « culture BD ». D’après ce que j’en ai lu, il s’agit d’un jeune auteur qui est également l’un des fondateurs de l’association Polystyrène, qui édite des albums de BD dans des formats qui sortent de l’ordinaire (des ouvrages à déplier, à combiner, à dérouler, à mélanger…). Il a travaillé sur plusieurs œuvres au format original / expérimental et d’autres plus classiques pour des éditeurs comme les éditions Vide Cocagne. Aiôn est sa première œuvre en tant qu’auteur complet.


Dans cette BD, nous sommes face à une histoire de SF assez classique dans son introduction même si elle distille une ambiance un peu inquiétante, renforcée par l’utilisation des couleurs froides, des cases épurées et la narration d’un récit qui laisse entrevoir des éléments dramatiques à résoudre. De son propre aveu, l’auteur aurait été très influencé par le film « Alien, le 8ème passager ». L’album commence d’ailleurs un peu de la même façon et on ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre l’héroïne et le lieutenant Ripley incarné par Sigourney Weaver dans le film. Néanmoins, ici, pas d’effrayant extra-terrestre, juste des décors aseptisés et des robots froids et implacables, semblant se conformer aux 3 lois d’Asimov. Je dis bien semble car je crois que l’une de ces lois dit qu’un « robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni rester passif si celui-ci est exposé à un danger ». C’est, à mon sens, dans la deuxième partie de la loi que le « bât blesse » car cela dépend de l’interprétation que chacun se fait de l’histoire.


Après avoir mis en évidences les voyages spatiaux dans les toutes premières pages, le scénario se centre rapidement sur un huis-clos constitué de boucles temporelles. On se demande parfois où veut en venir l’auteur mais au final, il nous livre un récit intéressant qui explore plusieurs possibilités et qui donne au lecteur plusieurs axes de réflexion. Divisé en 6 chapitres et un épilogue, l’album se conclut par une fin ouverte un peu philosophique.


Le coup de crayon de Ludovic Rio est agréable bien qu’assez classique et sobre. Son style est à mi-chemin entre la rondeur / simplicité du trait manga et la ligne claire de la BD Franco-belge. Le format de l’album est plus petit que la moyenne. Il ressemble plutôt à celui des comics US se déclinant en 3 ou 4 bandes. Les cases sont assez imposantes avec quelques gros plans qui peuvent donner des surprises car déformant la réalité. Les décors sont assez dépouillés comme pour donner une impression de clarté et de limpidité permettant de contrebalancer la complexité des théories du voyage temporel et ses implications. Néanmoins, l’auteur ne se lance jamais dans des explications techniques / scientifiques qui pourraient être abscons et rébarbatives pour le lecteur. Enfin, les couleurs sont glaçantes et renforcent l’horreur de la situation.


Version illustrée : http://www.artefact-blog-bd.com/recit-complet/aion/

Playmo44
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le 8 juin 2019

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