Quasiment un an après la sorti du premier tome, Lylian (scénario), Laurence Baldetti (dessin) et Loïc Chevallier (couleur) sont de retour pour offrir une suite à l'adaptation de La Quête d'Ewilan de Pierre Bottero en BD. Je dois avouer qu'avant même de tenir l'album entre les mains, j'étais déjà pas convaincu. La faute au matériel originel : de tous les tomes d'Ewilan, celui que j'aimais le moins était le premier. Je trouvais les personnages mous, peu développés, le monde trop gratuit et les aller-retour entre Gwendalavir et le monde normal ne me plaisait pas du tout.
J'étais donc assez récalcitrant à l'idée de lire ce nouveau tome et pour être honnête assez déçu à l'idée de devoir attendre le troisième pour pleinement rentrer dedans. Il faut ajouter que si le premier tome avait joui du côté féérique de la découverte et du retour en Gwendalavir, ce second n'aurait pas cette chance.
Et c'est là où est la surprise, je l'ai, finalement, largement préféré au premier. Les raisons sont surtout techniques et je vais vous expliquer, le plus rapidement possible, pourquoi Akiro est meilleur que D'un Monde à l'Autre.
Déjà le point de départ : Camille/Ewilan continue son périple à travers Gwendalavir accompagné de Salim, maître Duom, Bjorn, Hans et Maniel. Se formant à l'art du dessin, Ewilan comprend cependant qu'elle va bientôt devoir quitter se monde féérique pour retourner dans le notre, grisâtre, afin de retrouver son frère, Akiro et l'envoyer à Gwendalavir afin qu'il libère les sentinelles. Ce tome montre donc l'évolution de l'aventure en Gwendalavir, puis le retour dans le monde "normal" et la recherche du frère avec un Mentaï sur les traces de notre duo d'adolescent, Camille et Salim.
De ce fait, il y a beaucoup d'actions différentes, beaucoup d'ambiances qui changent. Et là où le tome 1 de Bottero souffrait de son format en effectuant dans le même tome plusieurs aller-retour, ce tome 2 en BD n'a pas le même problème puisqu'au contraire ce retour est loin d'être immédiat et d'occuper tout l'album. Le changement de média est donc une très bonne chose.
Le découpage scénaristique et narratif est très réussi, Lylian a gagné en virtuosité et c'est très plaisant de voir ce qu'amène chaque planche, chaque case. L'histoire prend parfois son temps ou à l'inverse va très vite, mais n'est jamais gratuite. La cohérence est au rendez-vous et on a le droit à un très bon découpage scénaristique.
Dans le même temps, Laurence Baldetti offre pas mal d'angles intéressants, des prises de vue très cinématographiques. De plus, un des dangers du récit était d'offrir trop gratuitement des planches où sur une page entière le seul but était d'éblouir le lecteur avec les nuances de Gwendalavir. C'était le cas dans le premier tome et ça ne l'est plus dans le second où clairement les changements de décors sont totalement portés par l'histoire et n'ont plus cet aspect mécanique.
Pour autant, tout n'est pas réussi à commencer par le dessin. Baldetti offre un travail parfait par moment et à d'autres c'est franchement laid et on se demande comment les visages tiennent sans se liquéfier. Proportionnellement ça ne représente que 10% des personnages en gros plan, mais c'est quand même assez monstrueux je trouve. Pour les personnages au second, au troisième ou au Unième plan, là c'est évidemment encore pire mais je commence à avoir l'habitude de ce genre de résultat.
Malgré tout, Baldetti parvient, surtout lors du retour sur Terre à rendre vraiment le duo Camille/Salim craquant. On les trouve forcément très mignon. De plus, globalement on s'habitue très bien à l’apparence des héros et tout colle bien. Pour ce qui est des nouveaux personnages, je les trouve parfaitement réussis, que ça soit le Mentaï, Akiro ou surtout Ellana, tout est parfait là-dessus. On a donc des nouveaux personnages très bien trouvés.
Loïc Chevallier sublime les décors de Baldetti en proposant une palette très coloré permettant vraiment de sentir l'aspect féérique de Gwendalavir. Pour autant, on ne sombre pas dans l'exagéré (comme le tome précédent) et c'est parfaitement maîtrisé. De la même manière, j'ai trouvé le retour dans le monde "normal" beaucoup plus plaisant que les passages dans ce même monde dans le tome 1.
On a aussi le droit aux premières scènes de combat à coup de dessin. Et bien je pense que ça promet pour la suite. Certes, on a le droit à des cases gigantesques mais ça envoie et surtout tout le livre n'est pas ainsi. C'est important, car à la fin, on se dit qu'on en a eu pour notre argent et que ça ne s'est pas lu en 3 minutes 45.
Au-delà de l'aspect purement technique, si ce tome 2 plait autant c'est qu'on y retrouve toute la magie d'Ewilan.
On a une énorme variété d'ambiance (ballade dans Gwendalavir, combat d'épée, discussion sérieuse, scènes d'amitié, retour dans le monde réelle, regrets du manque d'amour, confrontation avec Akiro, combat de dessin) avec souvent des petites pointes de moments très doux entre Salim et Ewilan.
On notera la magnifique scène avec Paul Verran. Les deux dernières planches de cette scène est surement l'un des plus beaux travail de Baldetti. C'est tellement émouvant. N'importe qui, qui a lu le roman, aura du mal à ne pas sentir monter une boule d'émotion.
Le scénario avance bien, les différents problèmes sont intéressants, les embuches rendent le chemin difficile sans pour autant le masquer. Bref, on s'éclate avec ce tome.
J'ai beau critiquer le travail de Baldetti sur certain dessin, globalement elle réussi parfaitement ses objectifs et nous transporte dans un univers féérique.
On est de retour à Gwendalavir et c'est très plaisant.
Maintenant, reste plus qu'à attendre pour le tome 3 ... Et croyez moi, je suis d'une impatience folle.
