Le siège de Rattlesnake Valley

Album de la saga Lucky Luke très peu connu (c'est souvent pas bon signe) et pourtant il s'agit là du dernier de Morris seul, avant sa collaboration avec Goscinny sur plus de 20 ans.
Alerte aux Pieds-Bleus se résume à un très (trop) long siège de la ville de Rattlesnake Valley (entre la planche 8 et la planche 41!) auquel des indiens se feront commander par le malveillant Pedro Cucaracha face aux civils qui comptent un certain Lucky Luke dans leurs rangs.

Album plutôt linéaire dans sa construction même si l'alternance d'une immiscion tantôt chez l'agresseur tantôt chez l'agressé est bien foutue.
Lucky Luke trouve tout un tas de petites astuces pour aider ses congénères à se déjouer de la bêtise voire de la méchanceté de ses opposants.
Pedro Cucaracha est un personnage particulièrement intéressant, avec tout ce qu'il y a de plus mauvais : vengeance, manipulation, perversion, jusq'au boutiste. Morris en tire le meilleur portrait, proche d'un Emilio Espuelas dans Tortillas pour les Dalton. Dommage qu'il n'est d'ailleurs pas été repris dans cet album ou dans un autre. Comme quoi avec Pat Poker ou Phil Defer, Morris seul a su créer une très belle galerie de méchants.
Les indiens sont manipulés par l'alcool et le portait, bien que parfois assez drôle/grotesque, n'est pas franchement reluisant. Leurs traditions et superstitions amènent cependant des moments particulièrement sympas. Le traitement des indiens sera par contre bien mieux réussi, beaucoup plus tard, dans les albums Canyon Apache ou encore Chasseur de Primes.

Une note globale qui traduit le manque de subtilité scénaristique globale avec le sentiment que les pages se défilent sans que l'on progresse ni que des rebondissements ou de nouveaux persos apparaissent. Un peu pauvre donc et définitivement cette histoire est un peu à part dans la saga.

Critique rédigée le 27/02/22 : Impossible de ne pas faire un parallèle entre Alerte aux Pieds-Bleus avec la situation à Kiev et la résistance du peuple Ukrainien face à l'agresseur Russe. Attaque complétement disproportionnée de l'agresseur, assauts repoussés, saboteurs neutralisés, résistance héroïque,...puisse le scénario de la vraie Histoire se finir comme celui de cette fiction.