Bande Dessinée.
Sans y regarder de très près, on pourrait avoir l'impression d'avoir devant nous l'adaptation en bande dessinée d'un roman de Paul Auster. Le sujet, un architecte renommé en dépression change de vie...
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le 27 déc. 2010
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David Mazzucchelli a pris un pari audacieux avec Asterios Polyp : disséquer un architecte raté avec la précision d’un compas et l’intensité d’une symphonie en trois mouvements. Le résultat ? Une œuvre aussi géométriquement brillante que philosophiquement déroutante. Préparez-vous à être perdu dans un labyrinthe visuel et émotionnel où chaque ligne a du sens – et chaque silence, une résonance.
L’histoire suit Asterios Polyp, un architecte théoricien aussi arrogant que brillant, mais dont les constructions n’ont jamais dépassé la planche à dessin. On le découvre dans un moment de crise existentielle totale, sa vie littéralement réduite en cendres après l’incendie de son appartement. S’en suit un voyage à la fois physique et intérieur, où Asterios, tel un Ulysse désabusé, tente de reconstruire un sens à sa vie.
Visuellement, c’est un feu d’artifice. Mazzucchelli n’a pas juste illustré une histoire, il a conçu un chef-d’œuvre graphique. Chaque page est une expérience où la forme épouse le fond. Les couleurs minimalistes – bleu, jaune et rose – dessinent des univers parallèles entre rêve et réalité, tandis que les dialogues entre personnages s’incarnent visuellement : les bulles changent de formes, les typographies évoluent. C’est un langage graphique inédit qui vous attrape dès la première page.
Mais Asterios Polyp, c’est aussi une réflexion sur les dualités : raison et émotion, art et science, solitude et amour. Loin d’être un simple génie cassant, Asterios se révèle au fil des pages un homme brisé, hanté par ses échecs, son amour perdu pour Hana, et une quête de perfection qui l’a toujours tenu à l’écart de la vie véritable.
Le ton est à la fois introspectif et plein d’ironie. Mazzucchelli joue avec les clichés de l’intellectuel arrogant et les déconstruit avec finesse. Chaque interaction entre Asterios et Hana, tout en subtilité, explore la complexité des relations humaines. Loin des poncifs, leur amour est présenté comme une architecture fragile et sublime, à la fois monumentale et toujours sur le point de s’effondrer.
En résumé : Asterios Polyp est une œuvre totale, où l’art et la narration fusionnent pour explorer les tréfonds de l’âme humaine. Une symphonie visuelle et intellectuelle qui vous laisse à la fois émerveillé et un peu vidé, comme après avoir contemplé une cathédrale dont chaque pierre raconte une histoire. À lire, à relire, et à méditer.
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Créée
le 6 déc. 2024
Critique lue 6 fois
Sans y regarder de très près, on pourrait avoir l'impression d'avoir devant nous l'adaptation en bande dessinée d'un roman de Paul Auster. Le sujet, un architecte renommé en dépression change de vie...
Par
le 27 déc. 2010
31 j'aime
3
Je devrais commencer cette chronique avec une courte biographie de l'auteur mais je n'en suis pas capable. David Mazzucchelli est un artiste dont la carrière m'a toujours échappé. Avec Frank Miller...
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le 8 oct. 2010
26 j'aime
2
Hum. Je me sens un peu navré de ne pas saisir en quoi cet ouvrage est un chef d’œuvre. Je vois que d'un point de vue technique et graphique ça sort du lot. Mais sur l'histoire, ça me laisse un peu de...
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le 18 sept. 2014
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