Le troisième tome des aventures d’Astérix est un de ceux qui s’oublient le plus vite. C’est assez injuste.

L’histoire certes n’a rien de très original puisque c’est presque un copié/collé du tout premier Astérix – des ennemis veulent s’emparer de la potion magique pour dominer le monde, un traître caricatural (petit et revanchard) tente de tirer parti de la situation.

Certes les personnages sont très peu individualisés, et de fait tous les druides, tous les Goths se ressemblent.

Certes les Goths, à la différence des populations exotiques qui seront découvertes dans les Astérix futurs, ne présentent que peu de caractères très saillants – discipline militaire, cruauté certaine … Cela ne va pas très loin.

La B.D. ouvre pourtant des perspectives nouvelles et intéressantes :

- c’est la première sortie des Gaulois en dehors de la Gaule ; la formule fera fortune ;
- pour la première fois le récit ouvre des perspectives historiques immédiatement transposables dans le monde moderne : l’atomisation de « l’Allemagne » en multiples micro-communautés, belliqueuses et guerroyant entre elles dans la plus grande confusion pour les siècles à venir ;
- également la très subtile introduction de la question de la communication et des langues, dans sa transposition à l’écrit avec le recours aux caractères … gothiques (évidemment anachroniques) ;
- le recours explicite aux calembours comme principe du dialogue (« on fait même des plaisanteries et des calembours ; bref, les druides se laissent aller »), aboutissant à la formule culte – « Hi !hi !hi ! il est déchaîné ! »
- une composition très rigoureuse du récit, en deux parties équivalentes (la grande fête des druides / la guerre des Goths).

Tout cela s’accompagne de trouvailles narratives et graphiques assez nombreuses : la fuite surréaliste des Goths qu’aucune patrouille ne remarque (alors qu’ils ne sont pas très discrets), la matérialisation de la frontière par une borne routière, la très jolie fête des druides, avec numéros de music-hall (qui n’est pas sans annoncer nombre d’émissions de la TV actuelle, avec remise finale du Menhir d’or) , les vignettes agrandies et en plongée (le grand repas, l’écartèlement), procédé désormais classique dans Astérix, et surtout le recours aux caractères gothiques et la présentation sous la forme d’un journal (avec la une en noir et blanc), voire d’un traité historique, des « guerres astérixiennes »., avec carte incompréhensible, enchaînements du type marabout/bout de ficelle, queue-leu-leu et multiples coups de gourdin.

A la relecture, les surprises finalement ne manquent pas, et « les Goths » méritent assurément d’être revisités.
pphf
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Tout Astérix - 24 albums en une centaine de citations ... et Les meilleurs albums d'Astérix

Créée

le 8 mai 2014

Critique lue 967 fois

21 j'aime

6 commentaires

pphf

Écrit par

Critique lue 967 fois

21
6

D'autres avis sur Astérix et les Goths - Astérix, tome 3

Astérix et les Goths - Astérix, tome 3
Plume231
8

"Diviser pour mieux régner" !

Troisième album avec les deux compères gaulois et sans conteste, pour moi, le premier grand album d'Astérix. Les trucs en plus, par rapport aux deux premiers albums, sont des gags nettement plus...

le 5 août 2017

25 j'aime

6

Astérix et les Goths - Astérix, tome 3
pphf
6

Wisigoths, Ostrogoths et autres Goths

Le troisième tome des aventures d’Astérix est un de ceux qui s’oublient le plus vite. C’est assez injuste. L’histoire certes n’a rien de très original puisque c’est presque un copié/collé du tout...

Par

le 8 mai 2014

21 j'aime

6

Astérix et les Goths - Astérix, tome 3
raisin_ver
10

Critique de Astérix et les Goths - Astérix, tome 3 par raisin_ver

Astérix et Obélix vont semer la pagaille chez les Goths qui ont enlevé le druide Panoramix. Enchaînement continu de gags pendant 47 pages, Astérix et les Goths se conclut dans le bazar intégral lors...

le 26 déc. 2010

20 j'aime

4

Du même critique

The Lobster
pphf
4

Homard m'a tuer

Prometteur prologue en plan séquence – avec femme, montagnes, route, voiture à l’arrêt, bruine, pré avec ânes, balai d’essuie-glaces, pare-brise et arme à feu. Puis le passage au noir, un titre...

Par

le 31 oct. 2015

142 j'aime

32

M le maudit
pphf
8

Les assassins sont parmi nous*

*C’est le titre initial prévu pour M le maudit, mais rejeté (on se demande bien pourquoi) par la censure de l’époque et par quelques fidèles du sieur Goebbels. Et pourtant, rien dans le film (ni...

Par

le 12 mars 2015

112 j'aime

8

Le Loup de Wall Street
pphf
9

Martin Scorsese est énorme

Shit - sex - and fric. Le Loup de Wall Street se situe quelque part entre la vulgarité extrême et le génie ultime, on y reviendra. Scorsese franchit le pas. Il n'y avait eu, dans ses films, pas le...

Par

le 27 déc. 2013

101 j'aime

11