Ce tome comprend les 5 épisodes de la minisérie du même nom, ainsi que les crayonnés (sans encrages) du premier épisode et le script de Warren Ellis du premier épisode. L'histoire fait référence à Ghost Box (en anglais) à plusieurs reprises.


L'équipe se compose de Scott Summers (Cyclops), Logan (Wolverine), Emma Frost, Ororo Munroe (Storm), Hank McCoy (Beast) et Hisako Isichi (Armor). Un homme (Jim Jaspers) court entre les arbres. Un animal qui n'est pas de cette terre meurt sous les balles des poursuivants. Sur notre terre, dans un village africain, un nouveau né tout juste sorti du ventre de sa mère explose, détruisant l'hôpital, les malades et le personnel soignant. T'challa appelle sa femme à San Francisco, pour requérir l'aide des X-Men. Dans le Blackbird qui les emmène vers le pays concerné, Emma, Logan et Ororo échangent leurs points de vue sur l'état sociopolitique de l'Afrique pour une vision assez noire. Une fois sur place, il leur faut faire face aux poursuivants de Jim Jaspers, à de nombreux bébés dotés de superpouvoirs et trouver ce qui cause ces naissances inhabituelles.


Avant même d'ouvrir ce tome, ce qui attire l'oeil, c'est la forme d'Emma, ou plutôt ses formes. Pour cette troisième histoire écrite par Warren Ellis pour les Astonishing X-Men, Marvel Comics l'a associé à un dessinateur qui sort du moule : Kaare Andrews. Il était connu jusqu'ici pour avoir écrit et illustré une histoire crépusculaire de Spiderman intitulée L'empire. Il a un parti pris original sur la morphologie des individus. Les femmes sont toutes représentées avec de larges hanches, et pour Emma une forte poitrine qui reste soumise aux lois de la gravité, rendue encore plus impressionnante par sa petite taille. Il faut voir dans le Blackbird comment elle la pose sur le sommet de son dossier quand elle se tient retourné sur son siège pour parler à Logan. Storm a droit à une silhouette plus allongée car il la dessine plus grande (mais avec une forte poitrine et de larges hanches). Seule Hisako a droit à une silhouette plus proche des canons esthétiques habituels. Scott est celui qui a une silhouette masculine la plus normale. Beast a une carrure impressionnante. Andrews introduit donc une vision artistique particulière teinté d'un second degré irrespectueux. Pour s'en rendre compte, il suffit par exemple de regarder la couverture du deuxième épisode dans laquelle un bébé a régurgité dans le décolleté d'Emma. À condition de ne pas être allergique à cette vision idiosyncrasique, les planches se lisent toutes seules. Chaque personnage dispose d'une apparence spécifique et marquée (pas seulement les X-Men). Les scènes d'action baignent dans des mouvements vifs et compréhensibles. Les utilisations de superpouvoirs brillent de mille feux. Il faut reconnaître que les décors souffrent parfois, au point de disparaître lors des moments les plus intenses des combats. Heureusement, Kaare Andrews bénéficie de la mise en couleurs de Frank D'Armata, un maître en couleurs et camaïeux. D'Armata aime bien les couleurs ensoleillées, voire saturées. Il sait limiter le nombre de couleurs par case, tout en introduisant des nuances qui reflètent les différentes sources d'éclairage et les variations de surface au sein d'un même matériau.


Avec cette histoire, Warren Ellis continue de jouer avec l'idée qu'il peut y avoir de nouveaux mutants, malgré les actions de Wanda Maximoff. Le lecteur retrouve tout le savoir faire de cet auteur avec un point de départ intriguant, une histoire basée sur une enquête qui débouche sur une situation explosive qu'il convient de combattre et de résoudre. Cette trame fournit une dynamique efficace qui assure une histoire sans temps mort. Ellis joue également sur plusieurs registres, même si l'aventure prime avant tout. Il s'amuse à faire d'Emma une petite peste, assez dangereuse et toujours un peu dessalée (la moins coincée des X-Men). Logan est grognon mais pas trop et il est celui qui porte le regard le juste sur la réalité (sa description sociopolitique de l'Afrique noire repose sur un cynisme sans appel). Ellis en profite également pour rappeler les origines de Storm et les années qu'elle a passées en tant que déesse d'une tribu africaine. Cyclops est conforme à son rôle de chef et responsable de la mission. L'intérêt scientifique d'Ellis transparaît dans l'attitude de McCoy face à ces naissances extraordinaires. Seule Hisako Isichi fait de la figuration, sans véritable personnalité. Avec cette histoire, Ellis propose un récit bien équilibré avec ces divers ingrédients. Il parsème les dialogues de petites piques ironiques qui trouvent leur écho dans le style graphique second degré. Il met en valeur les superpouvoirs au milieu d'actions qui sortent de l'habituel (en particulier le pouvoir de régénération de Wolverine est mis à rude épreuve). Il fait ressortir l'humanité des X-Men qui doivent prendre parti sur le sort de ces bébés particuliers. Il insère également son récit dans l'univers partagé Marvel en évoquant Ghost Box, mais aussi un concept développé par Alan Moore dans la série Captain Britain.


J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette aventure des X-Men qui est très accessible et très divertissante, tout en restant sophistiquée et légèrement provocatrice.

Presence
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le 1 janv. 2020

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