Qu’on ne s’y trompe pas : bien que publié en 1974, cet album reprend en fait les 6 histoires courtes pré-publiées dans le Journal de Spirou entre 1970 et 1971. C’est d’ailleurs devant le succès de ces aventures brèves, et notamment de la première, Hold-up en Hi-Fi, que Dupuis accorda à Roger Leloup le feu vert pour un premier album long ... qui deviendrait Le Trio de l’Etrange (1971).

Ces Aventures Electroniques, c’est la naissance de Yoko Tsuno : une japonaise au caractère bien trempé, maniant avec la même habileté les circuits électroniques et les prises d’aïkido. Roger Leloup la confronte à des intrigues globalement bien ficelées, bien que certaines soient moins prenantes (L’Ange de Noël, ou comment on s’aperçoit que dans les années 1970, un super-héros est avant tout un type qui redonne un job à des chômeurs ...). D’autres histoires regorgent à l’inverse de bonnes idées, exploitées avec talent par Roger Leloup, autant que le cadre étriqué des histoires brèves le lui permet : ainsi l’exosquelette de La Belle et la Bête, ou bien les araignées porteuses de microfilms avec Du Miel pour Yoko.

Mais la meilleure intrigue est bien sûr L’Araignée qui volait : avec son format long de douze planches, cette histoire de taille intermédiaire marque la transition entre les aventures brèves et le passage au long format en 44 pages. Si les personnages des gangsters ne sont pas prenants, l’idée d’araignées-robots est particulièrement rafraîchissante dans la SF de l’époque, et intelligemment mise en scène par Roger Leloup.

Enfin les fans de Yoko apprécieront de voir les petites hésitations à la naissance de la série : Yoko possède alors un caractère encore plus explosif qu’à présent, mais que Roger Leloup a certainement dû adoucir sans quoi il aurait été intenable sur 44 pages.
Notre électronicienne est également alors très liée avec la police, et le commissaire est un personnage secondaire récurrent de ces histoires brèves (il disparaîtra dans les albums longs).
Enfin, ces aventures sont globalement plus musclées que les albums ultérieurs, entre raid en hélicoptère et course-poursuite en haute montagne. Ce n’est pas pour rien que dans Cap 351, un personnage demande à Yoko Tsuno « d’arrêter de jouer les James Bond » !...

Dernier point, Vic est absent de ces Aventures Electroniques, mais Pol apparaît dans Du Miel pour Yoko. Notre héroïne lui fait d’ailleurs cadeau de la Honda 500 que l’on retrouve dans La Forge de Vulcain.

Bilan, c’est une pratique habituelle pour les BD qui commencent à bien fonctionner, de republier les premières histoires brèves dans un album carton. Souvent ces historiettes ne valent le détour que pour la curiosité historique de voir comment toute la série a commencé.
A l’inverse, dans Aventures Electroniques, les premiers exploits de Yoko sont agréables à lire, et ils tiennent à peu près la comparaison avec les albums ultérieurs. Une bonne surprise !
Wakapou
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le 9 juil. 2013

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