Dans le courant des années 90, Doug Moench restait un auteur de référence dans le monde des comics ; il est en particulier l'un des architectes de la saga Knightfall (Batman: Knightfall : Broken Bat &Batman: Knightfall : Who Rules the Night). Il a travaillé, entre autres, avec Kelley Jones, un illustrateur avec un parti pris graphique très affirmé. Ensemble, ils vont réaliser une trilogie remarquable sur le personnage de Batman confronté à Dracula et à des vampires dans un mode alternatif (Batman Tales of the Multiverse: Batman-Vampire).


Ce tradepaperback regroupe les 4 numéros d'une mini-série parue ensuite en 2000 des mêmes auteurs ; ce n'est pas une suite de Batman - Vampire, mais une nouvelle variation dans la série des elseworlds. Gotham est ici une ville coupée du monde en proie à des démons qui se nourrissent d'êtres humains. Dans ce contexte, Martha et Thomas Wayne sont encore vivants et ont élevé Bruce pour qu'il reprenne leur héritage de combattants du mal. Comme il s'agit d'une histoire de Batman, il ne faudra pas longtemps pour que ses parents soient victimes d'un meurtrier et que Bruce Wayne endosse l'habit que l'on connaît bien et venge ce crime avec l'aide de Jim Gordon. L'originalité de ce récit réside dans l'atmosphère gothique, la présence de Thomas Wayne sous forme d'ectoplasme et l'introduction d'une nouvelle alliée originale dénommée Catherine Majik.


Dans Batman - Vampire, les illustrations de Kelley Jones magnifiaient superbement l'atmosphère gothique du récit. L'illustrateur était encore sous une forte influence de Bernie Wrightson : les partis pris exagérés et disproportionnés des personnages , les perspectives impossibles et distordues et les gros aplats de noir concourraient à créer une forte impression de malaise et de perversion de l'ordre naturel. Ici, Kelley Jones semble avoir mal dosé ses ingrédients. Ce n'est pas qu'il a perdu la recette, la majeure partie des illustrations fait encore illusion. C'est plutôt que d'autres influences semblent lutter avec celles de Wrightson (Mike Mignola, Kevin Nowlan par exemple) et que le résultat est mal agrégé. Les différents styles se heurtent les uns autres, jusqu'à parfois se neutraliser. Et la systématisation des poses exagérées prises par Batman finit par verser dans le ridicule.


Pour pouvoir bénéficier d'une meilleure appréciation, Kelley Jones aurait dû faire preuve de discernement et de rigueur dans ses choix graphiques et l'histoire aurait gagné à être un peu plus ramassée.

Presence
6
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le 4 avr. 2020

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