Originaire d'un projet un peu fou de DC, qui consiste à publier du Batman au format franco-belge, The Dark Prince Charming a été réalisé par Marini. Sur le papier on peut s'interroger sur l'idée, sur la réalisation et l'intérêt qui en ressortira. Concrètement on voit plutôt une occasion de faire du Batman luxueux en terme de BD et d'amener une patte franco-belge beaucoup plus fort qu'avec le regrettable Batman : Europa.
Cette teinte européenne n'est possible que grâce à Enrico Marini qui réunit l'Italie, la France, la Suisse et la Belgique en sa seule personne.


Je dois avouer qu'a priori je ne partais pas convaincu. J'étais certain que Marini allait nous peindre une histoire vaguement belle, conventionnelle et sans saveur. Loin s'en faut, Marini a l'intelligence de peindre une Gotham connue et reconnaissable mais qui ne tombe jamais dans la caricature. On s'immisce dans un univers déjà connu mais jamais dénaturé. On appréciera particulièrement les scènes avec Gordon à ce titre.
Visuellement le récit est très beau, très bien fait. C'est vraiment un excellent moment visuel, le seul bémol étant pour moi le character design du Joker qui ne m'a pas du tout convaincu. Je trouve ça regrettable un tel visuel qui, dans le même temps, ose au moins ne pas tomber dans l'excès des N52 en cherchant à créer un personnage fantasmatique. Le Joker ici est réel crédible. On voit également une envie de donner du corps, même éphémère, à ses acolytes, une tendance que j'apprécie.


Souvent, je lis que l'histoire de Dark Prince Charming est conventionnelle et sans originalité. Je dois bien avouer ne pas être d'accord : le décors est conventionnel à souhait, nous avons encore une confrontation entre Batman et le Joker avec des lignes de dialogues presque écrites à l'avance. Mais le récit lui-même osant la question de la paternité de Bruce Wayne, d'un procès avec une fille non reconnue, bref, tout cela sonne très jeune, très rare et très intéressant.
La mise en scène évite également un manichéisme trop fort et offre ainsi un bon récit de Batman. Un vrai bon moment efficace à souhait.


Seul bémol : le personnage de Selina qui paraît un brin caractérielle, comme Harley, comme si les femmes ne servaient qu'à être en tenue sexy (magnifiquement dessinées par Marini, force est de constater) et d'ennuyer leur mecs.
Oui, The Dark Prince Charming n'est pas, en ce premier tome, l'histoire du siècle, mais c'est un récit solide, beau, bien construit et réellement plaisant ! Une lecture qui, pour le coup, serait à recommander.

mavhoc
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le 29 déc. 2018

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