Une seconde histoire meilleure que le titre phare.

Voilà un bon moment que j’attendais de pouvoir lire ce récit. De voir enfin comment s’est produite la mort de Jason Todd sous le costume de Robin. J’avais envie de voir comment Batman allait sombrer dans la dépression. Enfin, se sont les images que je m’en faisais. Puis j’ai appris que dans ce tome nous aurions le droit à A Lonely Place of Dying, Les Morts et les Vivants, histoire en cinq parties où l’on nous montre l’arrivée du jeune Tim Drake dans l’univers de la chauve-souris. Et ma joie s’est mue en déception tellement j’ai horreur de ce gamin. Mais ça c’était avant, car là où l’attente euphorique d’une saga est devenue déception, la déception d’en découvrir une autre est devenue elle une belle surprise !

Jason Todd, le deuxième Robin, retrouve la trace de sa mère, disparue depuis des années. Mais, au tournant, l’attend également le Joker, le pire ennemi de Batman… Le Chevalier Noir va connaître l’une des heures les plus tragiques de sa carrière. Un Batman peut-il poursuivre sa lutte sans un Robin à ses côtés ?
(contient Batman #426-429, 440-442, New Titans #60-61)

Alors voilà, je me lance dans le récit un Deuil dans la Famille. Je suis assez surpris dès le départ car on commence avec une histoire assez banale. Ne connaissant pas du tout cette œuvre, je m’attendais à un plan diabolique et préparé de longue date du Joker. La suspension de Jason dans le rôle de Robin et sa soudaine envie de retrouver sa maman m’ont surpris. Mais bon pourquoi pas. On suit donc les recherches de Jason d’un côté et Batman courant après le Joker de l’autre.
D’ailleurs, premier gros bémol pour moi, ce Joker qui décide d’aller vendre un missile en Afrique pour se remettre d’aplomb niveau finance je trouve ça un peu particulier et un peu loin du personnage que j’apprécie tant.
On suit donc deux histoires bien distinctes qui pourtant ne vont cesser de se rapprocher l’une de l’autre.

Deuxième petit bémol, l’aspect série télé avec des épisodes en plusieurs parties. Où l’on se retrouve avant chaque début de chapitre l’équivalent du très chiant « dans le précédent épisode » ! Ca va aller de quelques cases à quelques pages. C’est assez répétitif, cela montre que des fois le rassemblement d’épisodes mensuels dans un seul et même tome ne se lisent pas de la même façon mensuellement que d’une traite.

La première partie est assez longue, et malgré quelques belles et grandes scènes comme les retrouvailles entre Jason et sa mère ou le combat entre Batman et Lady Shiva, on rame par moment pour continuer. Puis, vient l’instant tragique, Jason périt et plus que la réaction de Batman se retrouvant face au corps sans vie de son Robin, ce sont les derniers instants de sa vie qui m’ont « ému », qui m’ont frappé. Si violents et si tragiques, « Pauvre garçon me suis-je dit, c’est difficile pour lui quand même. » Et c’est après cet évènement que le récit prend de l’ampleur. C’est à ce moment que Jim Starlin travaille sur la relation entre Batman et Robin, entre Bruce et Tim. Il est bon de voir commente la colère et la vengeance vont peu à peu se transformer en culpabilité, et comment cette culpabilité va tomber de tout son poids sur un Bruce abattu.

Des scènes chocs, des scènes fortes, une fin tragique mais je ne peux m’empêcher de ressentir une petite pointe de déception malgré la qualité du récit. J’en attendais tellement, peut-être trop.

Puis ; vient donc le récit Lonely Place of Dying. Qui se déroule de concert dans Batman et New Titans. Un peu réticent à lire cette saga, tellement Tim Drake me donne de l’urticaire. Mais la préface de Marv Wolfman m’a convaincu et j’ai tellement bien fait.
Ce récit m’a permis de découvrir un jeune Tim absolument fascinant, bien loin de ce que l’on peut voir de lui maintenant. J’adore la façon avec laquelle il intègre la Bat-Family. Si jeune et pourtant si talentueux, arrivant même jusqu’à découvrir les doubles identités de Bruce, Dick et même Jason. Il est fan de Batman et Robin mais ne veut pas spécialement devenir Robin. C’est ce qui le rend intéressant à mes yeux. Il enfilera finalement le costume par un malheureux concours de circonstances. Il prouvera sa valeur et n’hésiteras pas à tenir tête à Batman pour avoir le droit de devenir le nouveau compagnon de route du héros.
En parallèle, on suit Batman dans un duel d’égos avec un Double-Face complètement obnubilé par le chiffre 2 et manœuvré à son insu dans l’ombre par un mystérieux individu. Batman ne s’est pas remis de l’absence de Robin, Jason, et n’agit plus de la même façon. Et c’est le jeune Tim qui va se rendre compte que la présence de Robin auprès de Batman, est plus qu’un symbole, c’est un besoin pour le justicier de Gotham. Preuve de son désintérêt pour le rôle, Tim va d’abord essayer de convaincre Dick de reprendre le costume de Robin.
Une bien belle surprise, j’ai littéralement été happé par ce récit, qui m’a permis de découvrir un Tim Drake bien différent de celui que je n’aime pas de nos jours. Un jeune garçon vif, subtil, intelligent et forçant le respect malgré sa jeunesse. J’aime beaucoup la façon dont il relance Batman et la façon dont il s’impose indirectement grâce à son jugement et sa réflexion.

Au niveau dessin, pas grand-chose à dire du très bon Jim Aparo avec des visages très expressifs et des scènes d’action rythmé et tellement vivantes. Et un excellent travail de George Pérez et Tom Grummett sur les épisodes de New Titans.

Beau travail d’Urban Comics avec l’épisode de James Robinson et Lee Weeks où Jason reçoit son costume de Robin. Ainsi qu’avec la page de ce qui aurait pu être si les fans avaient votés pour la survie de Jason, un court article sur les Robin. Et enfin, avec la bonne idée de se démarquer de ce qui avait été fait avant et en proposant un superbe dessin de Mignola en couv. Couv certes moins intense au niveau dramatique que celle de Jim Aparo mais tout aussi forte.

Bref, une bien une belle surprise, même si elle ne vient pas de là où je l’attendais. Un Deuil dans la Famille est un classique et se doit d’être lu au moins une fois. Malgré quelques lourdeurs, on a de fortes scènes et la tragédie que vit Jason est touchante.
Lonely Place of Dying redore le blason Tim Drake à mes yeux, ce petit est un personnage en fait beaucoup moins insipide que ce qu’il est devenu. Une belle histoire et de bien belles confrontations entre Tim et Dick et surtout entre Tim et Bruce.
Et le gros point positif en général c’est ce Bruce meurtri qui sombre peu à peu. Et là où un Robin est la cause cette chute, seul un Robin pouvait l’aider à se relever.
Romain_Bouvet
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le 16 déc. 2013

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Romain Bouvet

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