Blue
6.5
Blue

Comics de Pat Grant (2012)

Le restaurant gastronomique de la BD

goutu et complexe mais en deux bouchées, on a rarement le temps de se pencher sur la question.


Quelle déception... Il avait pourtant l'air attendu, cet album. Attendu pour quoi exactement? je ne sais pas, je l'ai ramassé sur le rivage de la production éditoriale massive et l'ai ramené chez moi sans rien savoir de lui. J'ai accueilli cet inconnu à bras ouverts, sans a priori et sans attentes superflues. Je suis tombé dessus et ai surfé sur la vague tel un petit homme tout sec entouré de planchistes bariolés, se demandant ce qu'il fait là, n'y connait rien mais se dit que heyy! ça à l'air fun! Tout le monde s'amuse! Tentons notre chance.

Épluchons l'oignon.
L'album est élégant, d'un format qui laisse présager d'une esthétique soignée et pourquoi pas un tantinet japonisante (Je n'aurais pas pu être plus à l'ouest mais ça n'a eu aucune conséquence). Le titre est énigmatique et ne contient, si on y réfléchit bien, aucune piste mais c'est laconique et après lecture, révèle un double sens simili-profond.

Voila. Tout est déjà formulé.

A travers une mise en scène narrative et graphique très maitrisée et suffisamment surprenante pour attiser l'intérêt du lecteur, Pat Grant nous livre une histoire qui aurait pu être intense, poignante, porteuse d'un message ramifié et nécessitant un temps de réflexion sur soi-même et sur la société. A la place, à travers la journée de ce qui a été un jeune insulaire insouciant avide de surf, nous ne lisons qu'un message simpliste et superficiel sur l'idée de l'invasion moderne et de l'intolérance.

Voila le principal soucis. Tous les éléments sont correctement en place, la faune dessinée porte le récit vers de nouvelles hauteurs d'indispensable, le temps narratif est géré avec intelligence et pousse à la compréhension toutefois le message est vide et ridiculement petit. La BD à pour sujet une bombe moderne, un lieu commun sur-exploité en tout art pour des raisons évidentes de complexité et d'implications mais l'auteur ne nous en livre que les prémices. Sans ce message - présentement distillé, délayé et morcelé - l'ouvrage ne devient qu'un petit objet graphique sans aucune tension. L'auteur s'enferme dans un carcan narratif qu'il ne parvient pas à transcender. Il n'arrive clairement pas à parler efficacement de sujets voilés.

Alors oui, les pages supplémentaires sur les comics de surf sont intéressantes. Oui, le graphisme est magnifique et la charpente du récit bien pensée. Mais je n'aime pas qu'on me propose un cake puis qu'on ne me laisse en manger qu'une bouchée.
Alecs
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Hooooo! Hohohoho! la boule noire à motus, déception surprise.

Créée

le 12 déc. 2012

Critique lue 356 fois

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Alecs

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