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Après le « Kami-kaze » (« Vent des Dieux » d’origine, le seul dont l’Histoire a retenu l’appellation, qui a dispersé la flotte mongole en passe de conquérir le Japon), cet album constitue une transition manifeste vers une autre configuration de la série : les héros quittent le Japon, et, tout en traînant avec eux de vieux comptes à régler, s’ouvrent au vaste monde inconnu en posant les pieds sur le sol chinois ; signe des temps : ils s’associent rapidement avec l’un des plus grands voyageurs occidentaux du XIIIe siècle : Marco Polo.

Après l’invasion mongole, Cothias n’avait plus grand chose à exploiter dans l’espace resserré du Japon, et encore plus de l’île Sado. Il avait dit l’essentiel sur les kamis, les devoirs des samouraïs, le pouvoir impérial et les révoltes paysannes. Aussi avait-il intérêt à élargir le champ géographique des pérégrinations de nos héros désabusés. Mais, comme ceux-ci ne sont jamais sortis de leur pays d’origine, leur voyage demande des aides qui, comme on disait dans l’ancienne France, ne se trouvent pas sous les pas d’un cheval.

On est donc surpris de la bienveillance du destin qui va permettre à Tchen Qin et Kaï de se retrouver en Chine avec aisance et rapidité. Déjà, ils échappent au Kami-Kaze et aux requins (planche 1), alors que les Mongols n’ont pas eu cette chance, et puis ils tombent sur une collection impressionnante de personnages complaisants, ni xénophobes ni sanguinaires, qui vont leur faciliter le passage des obstacles : en quatre vignettes, le capitaine du bateau qui les recueille change de cap pour leur faire plaisir, tout ça parce que Tchen Qin est amoureux (quelle vraisemblance !), puis Pimiko-la-vipère joue subitement les contrites et repentantes, et leur sert de guide et d’interprète (super vraisemblable, ça aussi ! on verra ce qu’il convenait d’en penser planche 33...). En attendant, toujours la même rengaine : on ne la tue pas parce que, comme ça, sa mort serait trop douce... (Les mecs sont cons, quand même !). Les héros reçoivent les services d’un marin qui parle chinois, et à qui on ne demandait rien (planche 9) ; d’un groupe de marchands chinois, qui se trouvent eux-mêmes complaisants (dernière vignette de la planche 11) ; de résistants chinois qui n’aiment pas les Mongols (planche 15) ; d’une caravane qui passe par là (planche 22) ; du secrétaire en chef du Khan Mongol (planche 38) ; et bientôt, de toute la famille Polo en personnes (Niccolo, Matteo et Marco – planches 39 à 42). Tchen Qin doit avoir un charisme d’enfer...

Quitter le Japon pour la Chine, c’est aussi évacuer Nichiren de l’intrigue, lequel Nichiren, historiquement, n’a plus longtemps à vivre.

Tête-Noire, méprisé de tous bords, voudrait se faire assimiler Mongol parmi les Mongols (ah ! si tous les immigrés avaient un tel sens de l’intégration !!! – planche 41). Comme attendu, il a enlevé Mara et son fils (c’est fou ce que les femmes ne servent qu’à être enlevées, dans les romans !).

Cothias, qui a des tas de choses à nous dire sur la Chine, n’évite pas la pesanteur de répliques qui font cours magistral : planches 19-20, 22, 28-29.

Thierry Gioux nous offre toujours sa collection de nez bizarrement camus, de belles armures japonaises, et maintenant des costumes et des décors chinois ; j’ai un regard attendri sur le bout de vieille carte japonaise (planche 8), un joli ponceau courbé à l’entrée de Tianjin (planche 16), un palais impérial abandonné (planches 17-20), des décors de Cambaluc (Pékin) (planches 27 à 30, 39) ; des oiseaux exotiques en cage (planche 35) ; le cortège de Qoubilaï Khan (planche 40).

On verra ce qu’il advient des démêlés de Tchen Qin avec Tête-Noire, Pimiko et la quête de Mara. Cet épisode n’évite visiblement pas les facilités de scénario : il s’agissait de tracer une autoroute (sans péage !) aux héros pour qu’ils se fassent très vite copains avec les célébrités chinoises, mongoles et même... italiennes de l’époque. On plane un peu dans la féérie, d’autant que les ennemis mortels refusent obstinément de s’assassiner entre eux dès qu’ils ont la chance de se retrouver. Cela sent un peu le procédé, tout de même.
khorsabad
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le 9 oct. 2013

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khorsabad

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