Émergence exfiltrée

Immersion dans le monde de l'infiltration policière. La deuxième de couverture présente les protagonistes, dont seulement une partie apparaît dans ce premier tome, découpé en quatre histoires équipollentes.

Dès les premières images, le ton est donné par un graphisme, très polar américain, nous plongeant en plein cœur d'un univers noir et âpre. La couleur, une bichromie améliorée ombrageant les pages de bleu, rouge, jaune et noir, rajoute une dimension glauque et sensorielle à l'atmosphère de ce roman policier déjà pesante. La forme sert le fond, une mélancolie impalpable s'en dégage, ce procédé visuel permet d'explorer les personnages en totale immersion. Ils sont fouillés (les 96 planches y aident), on s'y attache immédiatement (la voix off du premier chapitre sert de réceptacle émotionnel) et la narration antéchronologique pose des questions auxquelles les chapitres suivants répondent et ainsi de suite, une façon judicieuse de maintenir le suspense.

Pour toutes ces raisons, l'œuvre de Laurent Astier offre un début prometteur qui s'achèvera, je crois, sur cinq tomes. Pour ceux qui aiment les polars très sombres, à la James Ellroy, puisant à la source du cinéma des années 40 et 50, avec une modernité de ton en plus.