Je ne suis pas à proprement parler un lecteur de yaoi. Il m’arrive d’en lire, mais sous certaines conditions ; par exemple, In the Walnut m’a plu car l’homosexualité n’est qu’un aspect parmi d’autres de la personnalité des deux protagonistes principaux. Dans le cas de Color, c’est surtout que j’adore leurs auteurs : je suis un grand fan de Taishi Zaou (aussi connue sous le nom de Mikiyo Tsuda) et Eiki Eiki.
Bon, en fait, c’est un peu compliqué. A la base, j’ai découvert Mikiyo Tsuda (sous ce pseudonyme) comme mangaka de shôjo ; elle m’a tout-de-suite plu avec ses thèmes anticonformistes et son humour ravageur, mais aussi grâce à la sensibilité avec laquelle elle traite ses histoires.
Dans ses manga, elle parle souvent de sa grande amie Eiki Eiki ; en me renseignant à leur sujet, j’ai rapidement appris qu’elles écrivaient énormément de Boy’s Love, et que Mikiyo Tsuda prend alors le pseudonyme de Taishi Zaou. Il m’a fallu du temps pour sauter le pas malgré l’intérêt que je peux porter à cette auteur, et c’est finalement leur seul yuri, Elles, qui m’a permis de découvrir à la fois Eiki Eiki et une autre facette de son travail. Puis, j’ai testé leurs yaoi.

Color est leur premier manga écrit à quatre mains (en dehors de quelques doujins ou de bonus pour leurs autres séries). Une œuvre qui revêt donc un sens particulier pour ces deux amies de longue date. Et c’est finalement peut-être ce que j’ai trouvé de plus intéressant le concernant : il s’agit ni plus ni moins de l’histoire de leur propre rencontre, transposée dans le milieu de la peinture (en lieu et place des doujins yaoi) et avec des hommes pour incarner leurs rôles respectifs. Dans la mesure où il s’agit, vous l’aurez compris, d’un yaoi, je vous laisse en déduire ce que vous voulez.
Cette implication très personnelle apporte forcément beaucoup au titre, à sa sensibilité, même si les auteurs avouent elles-mêmes qu’elles ont bien été obligées de broder pour obtenir une histoire avec un minimum de rebondissements. C’est d’ailleurs le reproche que je ferai à ce manga : mine de rien, le déroulement est très convenu, très prévisible. Ce qui le sauve, outre son côté touchant, c’est l’humour inhérent à ces deux artistes de talent. Elles en ont à revendre, et cela se ressent dans de nombreuses mimiques ou petites scènes irrésistiblement drôles.
Fait rarissime, les bonus en fin de volume apportent un véritable plus à l’ensemble, justement en dévoilant les origines du titre, ce qui lui donne une portée supplémentaire jusque-là difficilement soupçonnable. Les yon-kôma relatant l’écriture du manga sont à la fois amusants et mignons comme tout.

Au final, Color est un manga qui procure un bon moment de lecture, mais soyons honnête, il ne révolutionnera pas le genre. Il est beaucoup trop basique. Cela ne l’empêche nullement d’être drôle, parfois touchant, mais si l’histoire personnelle de ses auteurs ne vous intéressent pas, alors il ne possède pas forcément une valeur ajoutée par rapport au tout-venant. Depuis, elles ont écrit de bien meilleures séries en duo, à commencer par Elles ou encore Love Stage. Sans oublier leurs œuvres solo. Par contre, si vous aimez l’une ou l’autre de ces mangaka, voire les deux, c’est un passage obligé, ne serait-ce que pour les bonus en fin de volume.
Ninesisters
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le 7 juil. 2013

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