Crimes et châtiment

Des assassins, des policiers, des notables avides de vengeance et … une interview.

Crève-cœur est réellement le seul Donjon que je n’ai pas aimé, et le seul que je ne relis quasiment jamais. Le dessin de Nine y est pour beaucoup, mais pas que. Je trouve le scénario de Sfar et Trondheim plutôt mal fichu : l’alternance entre une narration passablement lourde et les quelques dialogues est assez soporifique en ce qui me concerne. J’avoue que la lecture m’a profondément ennuyé, un comble pour un album de Donjon, qui plus est centré sur l’énigmatique personnage d’Alexandra, qui est l’un de mes préférés de la période Donjon Potron-Minet et dont j’attendais beaucoup du Donjon Monsters la concernant. La déception n’en est que plus grande. Certes, on est content d’en apprendre plus sur le sombre passé de notre assassin préféré, les milieux interlopes d’Antipolis, les liens tissés entre la Chemise de la Nuit et la Guilde des assassins, etc. Mais la greffe ne prend pas. En fait, j’ai toujours eu la désagréable impression en lisant Crève-cœur que Sfar et Trondheim avaient essayé de construire un album 100% narratif sans y parvenir, ce qu’ils réussiront brillamment à faire plus tard dans Des soldats d’honneur (DM10), dont Crève-cœur apparaît du coup comme une sorte de « brouillon ».

Pour en revenir au dessin, si le trait de Nine a le mérite de se différencier de ses prédécesseurs et de proposer sa propre vision du monde de Donjon, hélas je le trouve beaucoup trop flou pour être plaisant. Plus que le manque d’esthétisme, c’est vraiment le fait qu’à de nombreuses reprises je ne comprenne absolument RIEN à ce qui est dessiné qui me gêne. Le plaisir de lecture s’en trouve fortement entaché et cette dernière s’avère pour moi extrêmement pénible. C’est d’ailleurs plus avec soulagement qu’avec déception que j’arrive à la dernière page, et c’est bien le seul album de Donjon où ça m’arrive !

En bref, entre un scénario laborieux et un dessin confus, la lecture de Crève-cœur est pour moi particulièrement frustrante.