Après The Superior Foes of Spider-Man, série humoristique relatant les déveines des ennemis de Spider-Man, ayant obtenu une certaine reconnaissance critique et publiée chez nous dans la revue Spider-Man 4e du nom et 5e du nom (bon courage pour les retrouver), les facétieux Nick Spencer et Steve Lieber se sont retrouvés pour cette nouvelle série chez Image. Ce premier tome chez Urban Comics regroupe les quatre premiers tomes, un deuxième est sorti l’année dernière, il ne manque plus qu’un troisième pour avoir tous les 13 épisodes de la série.


Les losers de chez Marvel sont ici remplacés par un beau duo de flics ripoux, de fières canailles mais aussi de sacrés bras cassés, Roy et Mac. Ils ont le sourire ravageur, les belles paroles, mais sont encore loin du gangster terrifiant ou du policier imposant. Ils doivent surtout un sacré paquet de fric à Josh, haut placé, charmant papa, amateur de nourriture sans pesticides, de rassemblements de parents, un vrai petit bobo, mais qui derrière son sourire consensuel est un gangster cruel et impitoyable.


Alors Roy et Mac braquent des petits vieux, tentent de vendre des histoires « de flics » à des producteurs, escortent des starlettes cyniques et déjantées, et autres petites combines. Quitte à faire tomber le flic le plus gentil du monde. Mais la nouvelle combine du duo fait apparaître un nouvel équipier, l’intègre et respecté Bretzel, un chien.


Les histoires sont un peu décousues, le fil se perd un peu, mais qu’importe, le ton est cynique, sans concessions, dans une exagération surcockainée. Les motivations de Roy souillent l’image du bon policier, et de toute façon dans cette société où la criminalité est numérique, le duo s’adapte à la moralité pour s’en mettre dans les poches (mais l’argent est vite dépensé dans les combats de robots illégaux). La société du spectacle hollywoodien est tout autant égratignée, il y a Donovan, ce producteur pervers à la vie dissolue, qui arrive toujours à s’en sortir en achetant aux flics des options sur leurs vies. Ou cette starlette qui a compris ce que la société attendait d’elle, un peu de cul, du spectacle, du scandale.


Le ton de la série est donc volontiers provocateur, parfois même malsain. Ces anti-héros sont de belles enflures, des saloperies magnifiques, le monde n’ira pas mieux grâce à eux. Les dialogues sont relevés, très épicés, gare aux détails des expériences sexuelles de Donovan. Mais on y découvrira aussi qu’une corde de banjo fait un bon étouffoir, ou que perdre un testicule, c’est bon pour le trafic de drogue.


The Fix n’a même pas besoin d’en montrer trop, tout se fait par son texte. Steve Lieber présente plutôt ces personnages, et les situations dans lesquels ils s’empêtrent mais dont ils arrivent toujours à s’en sortir sans trop de bobo, en tout cas pour eux. Le trait est assez simple, assez tranché, il va à l’essentiel, pour une représentation assez réaliste mais épurée de trop de détails. Il y a quelques maladresses de cases en cases, et la représentation canine semble parfois trop ardue pour l’artiste. Mais l’univers est visuellement un mélange de série policière et de décontraction, un Deux flics à Miami moins ensoleillé.


Ces premiers numéros esquissent une trame globale, mais souvent reléguée au second plan, il s’agit surtout de peupler ces épisodes de dialogues et de situations incongrues et même explosives. C’est parfois un peu vain, et d’autres fois salé, musclé et hilarant comme il faut. The Fix est une série que n’aurait pas reniée Guy Ritchie, avec encore moins de freins. Si Roy et Mac foncent vers le mur, cela sera avec le sourire et le majeur levé.

SimplySmackkk
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le 13 août 2020

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