Je retrouve Florence Dupré La Tour après avoir lu Cruelle en 2016. Un bien mauvais souvenir que cette lecture de Cruelle, racontant la jeunesse de cette fille de bonne famille, durant laquelle elle tortura et tua de nombreux petits animaux. Cette perversion qu'elle voulait dépeindre avec humour et qui reflétait son état de santé mental perturbé, m'avait fortement déplu. Je me suis donc lancée dans cette lecture avec une aversion pour l’auteur et la crainte de retrouver ces pratiques abjectes.


J’ai bien fait de surmonter mes réticences puisque j’ai été très agréablement surprise, même si j’ai retrouvé par moment la môme sadique qui m’avait tant dérangé.
Ici il s 'agit, ici encore, de la jeunesse de Florence, élevée dans la tradition catholique la plus rigoureuse.
Dans ce climat bourgeois très réactionnaire, elle sent et devine que les petites histoires bien enrobées de ses parents et les non-dits cachent une réalité toute tracée pour sa condition de femme : Règles, rapports sexuels, mariage et place des femmes qu'elle qualifie d'esclaves... Vu le peu d’information qu’on lui fournit et vu la vie de sa mère, elle a tout sauf envie de devenir une femme.


D'autant que sexualité rime avec péché, règles avec honte et douleur, mariage avec soumission, et que le tout est dominé par le silence et le secret. La colère et la boule d'angoisse grossissent en elle en même temps qu'elle grandit. Elle a besoin de réponses et ses désillusions sont aggravées par les maladresses de sa mère et l'indifférence de son père. 


On retrouve le style cru et perturbant de l'auteur de Cruelle, des dessins parfois trashs, plutôt bons avec ses visages qui déraillent et explosent dans la case quand la colère survient.
C'est un déroulé sans fard de son enfance, saisissant, et qui tient son cap jusqu'au bout.
Une suite est prévue, on a envie de savoir comment va grandir cette fille sensible qui porte l'armure pour supporter ce milieu qui ne peut pas lui donner envie de grandir ni d'être une femme.


Chloé
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le 16 oct. 2020

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