Un plan secret du Donjon égaré, des moines copistes culturistes et … une ville entièrement dédiée à la Culture dont tout le monde se fout.
Chaos crescendo part d’une idée sacrément bien trouvée : Herbert a égaré le seul plan existant du Donjon, où sont notamment répertoriés tous les accès, passages secrets, descriptifs des trésors et autres informations confidentielles, en se servant du parchemin comme d’une vulgaire liste de courses. Évidemment, il est impératif de le récupérer au plus vite, sous peine de quoi le Donjon se retrouverait particulièrement vulnérable … Voilà donc notre brave gaffeur (accompagné de son acolyte Marvin) envoyé par monts et par vaux par le Gardien pour récupérer le crucial parchemin. Le point de départ d’une aventure rocambolesque et très drôle car une fois le parchemin localisé, les plans d’Herbert et Marvin pour le récupérer vont être de plus en plus foireux, au point de déclencher des événements de plus en plus apocalyptiques et de tomber systématiquement de Charybde en Scylla …
Comme – entre autres – Le sage du ghetto (DP2), Technique Grogro (DP5) ou encore Nécromancien pour de faux (DP9), Chaos crescendo est un Donjon Parade dont l’action se situe presque exclusivement hors des murs du Donjon. L’occasion pour Sfar et Trondheim d’étendre encore plus leur univers en nous présentant de nouveaux lieux et nouvelles races de monstres. A ce titre, Chaos crescendo ravira certainement les fans assidus de la série, tant il apporte de nouveaux éléments venant étoffer le monde de Terra Amata. Au menu : découverte de nouvelles races de monstres (les Sirènes des rivières, les Tarasques, les moines culturistes) et d’un nouveau lieu d’envergure, avec la ville des livres et de la culture, Palatoka, capitale de la littérature de Terra Amata, dont tout le monde se fiche en fait éperdument (un constat bien ironique quand on sait combien Sfar et Trondheim sont estimés dans le monde de la BD !). Mais Chaos crescendo n’est bien sûr pas qu’un livre décrivant le monde étrange et loufoque de Terra Amata, puisqu’il remplit par ailleurs parfaitement le cahier des charges de la branche Donjon Parade, à savoir proposer une aventure déjantée et hilarante faite de bagarres spectaculaires, de rebondissements abracadabrantesques et de personnages décalés et loufoques à souhait (le coup des moines culturistes, il n’y a vraiment que dans Donjon pour trouver des personnages aussi improbables et j’avoue ça m’a bien fait marrer !).
Le dessin de Mathieu Burniat a beaucoup de cachet et se montre séduisant dès la couverture. Alliant simplicité, dynamisme et élégance, son trait est parfaitement dans l’esprit graphique de la série. S’il fallait lui faire un léger reproche, ce serait peut-être la difficulté du dessin à véhiculer l’humour absurde du scénario, le trait étant finalement peut-être un peu trop propre et lisse et manquant d’un brin de folie … Mais bon, arrêtons de pinailler et ne jouons pas les rabats-joies, car ce Chaos crescendo s’avère être au final un chouette album, drôle, prenant et bien dessiné !