...Ou si peu.
Dans un futur lointain, un virus inconnus et étrange a ravager le monde, mais le monde a survécu, pour le meilleur et comme toujours, pour le pire.
Eden : It's an Endless World, dHi'roki Endo, est une oeuvre engagée, pas réellement pessimiste mais dépourvue de naïveté.
Dans ce Manga, nous suivons les aventures et les destins de plusieurs personnages en prise avec leur propre destin et celui d'un monde ou se heurte sans cesse les aspirations simples des humains qui y vivent, et la réalité froide et implacable de l'économie et de la politique globale qui les broient.
Corruption, génocide, purification ethnique, prostitution, trafique de drogue, manipulation, torture, rien n'est épargné au lecteur, ou presque. On serait tenter d'abandonner la lecture si l'on ne s'attachait pas à ses personnages dont l'humanité les rends si intéressant.
Plus fascinant, à la seconde lecture est l'univers dépeint : un univers cyberpunk, froid et implacable, mais aux rouages proche du nôtre. Ceux d'entre nous qui auront vécu quelques temps dans des pays d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique du Sud comprendront. Les nations et les peuples entier joués tel des pions sur l'échiquier mondial de puissant invisibles, supportant un libéralisme darwinien à fond pour s'assurer de la perpétuité de leur position de pouvoir dominante.
Si le rythme entre les volumes n'est pas toujours égal, et que l'on note quelque baisse de régime, une seconde lecture plus réfléchie révèle la force du propos de fond. Au niveau du dessin, c'est du très bon malgré quelques faiblesses (Hiroki Endo a du mal à dessiner des "têtes" différentes parfois...) qui restent supportable. Mention spécial aux adeptes du "Gunporn" : armure de combat, mecha et armements sont très bien mis en valeurs.
Au delà de tout cela, le message d'Hiroki Endo est teinté d'amertume, mais aussi d'espoir : ce monde est brutal, dirigé par des intérêts parfois inhumains, mais la vie poursuit son chemin. C'est un monde sans fin ou l'important est de garder en vue les choses importantes.
Eden, comme la SF, ne parle jamais du futur, elle parle de nous véritablement, et tout simplement.