Un environnement assez sombre, des personnages torturés, c'est dans un contexte assez lourd que démarre cette série et elle gardera cette ambiance tout au long du tome.

Sutehachi, jeune dessinateur, est le disciple de Maître Hokusai. En allant faire une course pour ce dernier, il fera la rencontre de O-Shichi, la fille du marchand de légumes, avec laquelle il nouera des liens étroits. Mais ce rapprochement semble embarrassé la fille de son maître, O-Ei.

L'histoire se déroule au temps d'Edo, qui débute vers 1600 de notre ère. L'idée de fond, basée sur l'art picturale érotique et ses peintres souvent fantaisistes, est intéressante. Cependant, l'auteur se concentre sur l'histoire d'amour qui unira Sutehachi et O-Shishi devant l'œil malheureux d'O-Ei. Le titre étant « Folles passions », le lecteur pourrait s'attendre à ce que cette idylle tourne au moins au drame, mais il n'en est rien. Cette relation est plutôt fade et peu recherchée. Il est regrettable que Kazuo Kamimura n'ait pas plus approfondi le triangle amoureux avec O-Sei, ce qui aurait pu donner plus de volume au récit.

Cependant, la folie semble être de mise lorsqu'on se penche sur le cas de Maître Hokusai. C'est un excentrique. Personnage atypique, certainement parce qu'aussi artiste, on sent une réelle sensibilité dans cette folie douce. Tout comme les personnalités citées plus haut, les facettes de ce personnage semblent, en surface, tellement intéressantes mais ne sont pas exploitées.

Certaines scènes arrivent brutalement et se terminent tout aussi brusquement. Il n'y a pas de logique dans la suite des événements, le lecteur s'en trouvera souvent égaré. De plus, il ne pourra s'attacher à des personnages qui sont traités avec autant de simplisme.

Pour pallier à ces points négatifs, il est nécessaire de saluer le magnifique trait « gekiga » signifiant littéralement "dessins dramatiques". Utilisé ici, l'intensité est palpable et aurait pu bénéficier d'un récit en conséquence. Certaines doubles pages sont très agréables, on peut admirer l'intérêt qu'à l'auteur pour cet art séculaire qu'est la peinture érotique ainsi que le dessin plus classique. On peut noter également que les visages des deux femmes sont très beaux, à l'opposé de leurs homologues masculins mais se différencient difficilement et la lecture n'en est pas facilitée.

L'édition est de qualité, une illustration en couleur en première page est fort appréciable mais l'investissement que représente une œuvre si décevante pourrait être regretté.

Le potentiel de l'histoire est annihilé par une superficialité des tranches de vies narrées ainsi que l'analyse des personnages. Il me sera difficile de me rapprocher du second volume étant donné la déception que m'a procuré celui-ci.

Misya
8
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le 16 avr. 2012

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