SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

Rappelons qu’on avait adoré Larmes et Brouillard, le Tome 9 de la série Donjon Zénith, qui proposait une histoire beaucoup plus profonde, et émouvante que de coutume… Ce qui fait que, inévitablement, le retour à la « normale » que propose ce nouveau volume est une relative déception : la normale, c’est, dans l’esprit du Donjon, un mélange d’humour absurde et de violence graphique, qui finit au fil des années, par exsuder un sentiment de déjà vu un peu lassant…

Car si la charge contre les traditions religieuses et les croyances rétrogrades, typique du travail récent de Sfar, est encore présente dans ce Formule Incantatoire, à travers le comportement ridicule de Marvin (avec son « abat-jour » sur la tête pour ne pas montrer son visage à son enfant, mais aussi d’autres absurdités que vous découvrirez au fil de l’histoire), le reste tient justement beaucoup de la « formule » habituelle de la série !

Alors que la libération des milliers de spectres prisonniers du coffre maudit au sein du Donjon met en péril le monde entier, c’est le brave Horous qui maintient une semblant d’équilibre. Le gardien, soucieux avant tout de récupérer son Donjon, envoie une petite troupe, dont Marvin et Pirzuine, dans une mission désespérée : détruire le coffre ! La partie la plus divertissante du livre concerne le vol d’un poème elfique gardé au sein de la grande bibliothèque des elfes, alors que, comme souvent dans les histoires du Donjon, on n‘échappe pas au sentiment d’une conclusion un peu rapide, et pas très inventive…

On appréciera les références à l’enfance de Pirzuine (les Poupoutpaillonneurs), et le fait qu’enfin, Sfar et Trondheim décident de sacrifier l’un de leurs personnages principaux (… et encore, pas complètement !). A l’image des mécanismes popularisés par la série TV moderne, il serait plus stimulant pour le lecteur de craindre pour la vie de ses personnages préférés dans un monde aussi hostile que celui du Donjon, et de sortir de la logique devenue bien trop traditionnelle des héros invincibles.

Comme toujours Boulet fait un excellent travail pour illustrer tout ça – la couverture est l’une des plus impressionnantes de toute la série – mais à l’impossible, nul n’est tenu : Formule Incantatoire ne figurera pas parmi les vraies réussites du Donjon…

[Critique écrite en 2023]

https://www.benzinemag.net/2023/04/06/donjon-zenith-tome-10-formule-incantatoire-retour-a-la-normale/

Eric-BBYoda
6
Écrit par

Créée

le 9 avr. 2023

Critique lue 351 fois

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 351 fois

4
3

D'autres avis sur Formule incantatoire - Donjon Zénith, tome 10

Formule incantatoire - Donjon Zénith, tome 10

Formule incantatoire - Donjon Zénith, tome 10

le 9 avr. 2023

Retour à la normale ?

Rappelons qu’on avait adoré Larmes et Brouillard, le Tome 9 de la série Donjon Zénith, qui proposait une histoire beaucoup plus profonde, et émouvante que de coutume… Ce qui fait que, inévitablement,...

Formule incantatoire - Donjon Zénith, tome 10

Formule incantatoire - Donjon Zénith, tome 10

le 7 août 2023

Critique de Formule incantatoire - Donjon Zénith, tome 10 par Victortropfort

Trondheim et Sfar annoncaient vouloir en faire 300 tomes en commençant cette aventure donjonnesque. Ils en sont aujourd'hui au 53ème et ça se sent. Comparé au premiers tomes, l'histoire de ce dernier...

Formule incantatoire - Donjon Zénith, tome 10

Formule incantatoire - Donjon Zénith, tome 10

le 11 oct. 2023

Ce n'est pas une BD, c'est une série.

Cette épisode est vraiment important à mon sens pour comprendre quelque chose qui compte beaucoup dans Donjon, c'est que les épisodes sont des histoires en elle même que l'ont peut séparer, certes,...

Du même critique

Les Misérables

Les Misérables

le 29 nov. 2019

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

Je veux juste en finir

Je veux juste en finir

le 15 sept. 2020

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

1917

1917

le 15 janv. 2020

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...