Quand un chat philosophe sur la flemme, les lasagnes et la haine du lundi

Avec Garfield prend du poids (1984), Jim Davis nous présente pour la première fois ce matou orange aussi rond que cynique, prêt à griffer tout ce qui bouge… sauf si ça demande trop d’efforts. Véritable ode à la paresse, à la gourmandise et aux réflexions passives-agressives sur la vie, ce premier tome pose les bases d’un univers où le canapé est un trône, et où chaque page est une masterclass d’autodérision féline.


Garfield, c’est le chat dans toute sa splendeur : égocentrique, fainéant, manipulateur et délicieusement sarcastique. Mais contrairement à votre matou domestique, lui parle… et il parle bien. Avec un talent inné pour lancer des punchlines sur tout et n’importe quoi – surtout la bouffe et les lundis –, il s’impose instantanément comme une icône du rire grinçant. À ses côtés, Jon Arbuckle, son maître pathétiquement humain, joue le rôle du souffre-douleur idéal, souvent dépassé par la logique tordue de son félin obèse.


Le format des gags en strip de quelques cases fonctionne à merveille. Chaque mini-histoire est un concentré d’humour absurde, oscillant entre moqueries légères et critiques vachardes sur le quotidien. Que Garfield martyrise Jon, se moque du chien Odie avec une créativité diabolique, ou déclare la guerre à son propre régime, il trouve toujours le moyen de tirer une réflexion drôle et universelle sur les petits travers de la vie moderne.


Visuellement, le trait de Jim Davis est simple, mais terriblement efficace. Garfield, avec ses yeux mi-clos et ses airs blasés, peut exprimer en un regard tout le mépris qu’il porte aux humains, aux chiens, et à tout ce qui l’empêche de dormir. Les couleurs vives et les expressions exagérées des personnages donnent une énergie cartoonesque aux gags, même quand Garfield ne fait rien d’autre que dormir, manger, ou bouder (et spoiler : il le fait beaucoup).


L’humour de ce premier tome repose sur un équilibre parfait entre douceur et cynisme. Garfield n’est jamais vraiment méchant, mais il adore rappeler qu’il est mieux que nous tous, coincés dans nos routines et nos contraintes. Ses piques sur le lundi ("Le lundi est une maladie incurable") et sa relation toxique avec les lasagnes sont devenues cultes, parce qu’elles parlent à tout le monde. Oui, même vous qui prétendez aimer les débuts de semaine.


Si on devait chercher la petite bête (outre Odie), on pourrait reprocher à certains gags de se répéter un peu. Garfield boude, Garfield mange, Garfield se moque de Jon. Mais, soyons honnêtes, on revient toujours pour ça, parce qu’on sait que le gag suivant nous arrachera quand même un sourire.


En résumé, Garfield prend du poids est une introduction parfaite à un personnage devenu culte. Jim Davis signe un recueil drôle, accessible et terriblement pertinent, porté par un héros qui nous rappelle que la vie peut se résumer à trois plaisirs simples : manger, dormir, et critiquer les autres. Un tome à lire confortablement affalé sur un canapé, lasagnes à la main et lundis bien loin derrière. Garfield l’a dit, Garfield a raison.

CinephageAiguise
8

Créée

le 17 déc. 2024

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