Gen d'Hiroshima, tome 1 par amandecherie

Gen a à peine 7 ans lorsqu'un beau jour d'été, sa ville, Hiroshima, est pulvérisée par 'Thin Boy', bombe atomique lancée par les Américains.

Gen voit alors son père, sa sœur et son frère mourir brûlés sous les décombres de sa maison sans parvenir à les sauver. Sous le choc, sa mère accouche au milieu des humains transformés en zombies, avec leur peau pendant sur leur corps, réclamant désespérément à boire.

Et ça ne s'arrêtera pas. Dans le deuxième tome, il s'agit de toute l'horreur de l'explosion engendrée au niveau physique : les gens fondus, les vers mangeant les cadavres, les personnes défigurées, les crachats de sang.... Autant de tableaux effrayants et marquants.

Même quelques années après le drame, la situation n'évolue pas beaucoup. Les maladies inconnues liées à la bombe tuent toujours le peuple. L'unique quête pour Gen et ses proches sera toujours la nourriture et tous les moyens, plus ou moins farfelus, seront bons. Ce sera alors la grande débrouille : manger des chiens (pas si facile de tuer un chien !), vendre des chants bouddhiques funèbres, revendre du cuivre, voler aux entrepôts militaires, vendre des crânes comme 'souvenirs d'Hiroshima' aux Américains...

Et puis Gen croise des vies brisées, telle Natsue la danseuse, qui, défigurée, ne pourra plus jamais exercer son métier. Ainsi, cette injustice envers des gens qui n'ont pas choisi leur sort, cette rancœur de voir les coupables impunis, amèneront Gen à renier l'Empereur qui a autorisé cette guerre.

Le manga évoque les phénomènes éclos de la désorganisation totale et de la dévastation : familles peu accueillantes (peur d'être contaminé), viols des Japonaises, prostitution, présence constante des Américains, racisme envers les Coréens, suicides, regroupement des orphelins en bande, règne des Yakuzas qui régissent l'ordre bien plus que la police.

La postface à la fin de chaque tome qui décrit la situation historique du Japon aux moments de la narration nous confirmera l'existence des ces phénomènes.

Si on peut avoir l'impression que Gen est une sorte de bon samaritain prêt à aider tout le monde, il ne faut pas se méprendre : cela vient probablement du resserrement temporel. En effet, les anecdotes s'enchaînent sans répit. Il faut dire que Gen est montré comme une sorte de mascotte incitant ses compatriotes à ne jamais baisser les bras, tel le blé qui repousse toujours plus fort après avoir été piétiné, comme le lui avait enseigné son défunt père. Grâce à la bonne humeur du garçon, il demeure quelques passages assez légers.

Le dessin n'est heureusement (?) pas assez réaliste pour qu'on voie les horreurs des déformations physiques, néanmoins on les imagine. Il est en effet plus adapté à un manga humoristique avec ses enfants qui sautent partout, comme l'espiègle Ryuta adopté par Gen et sa mère.

Une œuvre autobiographique passionnante, éclairante, effrayante, même si selon les dires de Keiji Nakazawa, 20% seraient romancés.
amandecherie
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le 27 sept. 2010

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