Gunnm
8.1
Gunnm

Manga de Yukito Kishiro (1990)

Ido est un cyber-chirurgien. Un jour, dans la décharge de Kuzutetsu, il récupère ce qui reste d'un cyborg, lui redonne forme humaine et le nomme Gally, en souvenir de son chat. Gally n'a aucun souvenir. Elle ne sait pas d'où elle vient ni quel est son vrai nom. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle a une incroyable capacité pour se battre. Ce qui va lui être d'une grande utilité dans la voie qu'elle a choisi de suivre, le chemin du Chasseur de Prime, seule police officielle dans ce coin de terre qui ressemble à l'Enfer.
Car Kuzutetsu, c'est un monde dangereux remplis de cyborgs monstrueux. Tout y est violence et désespoir. La liberté même y est très contrôlée et limitée : tout est régi par la cité de Zalem, ville luxueuse suspendue entre ciel et terre, ville des privilégiés qui restera à jamais inaccessible par les parias rejetés dans la décharge.

Gunnm, c'est avant tout un univers fascinant. Le monde de la surface est superbement décrit, avec de subtiles précisions (encore plus dans cette version agrémentées de bonus qui approfondissent encore la description des lieux et des codes en vigueur). L'injustice y est constamment présente : toutes les lois sont faites par une bande de privilégiés vivant ailleurs, et dans le seul but de conserver à tout jamais leurs privilèges. Ainsi, tout objet volant est interdit, et même les oiseaux ont tous été tués, afin que rien de ce qui existe à la surface n'ait le droit de s'envoler vers Zalem. On se retrouve dans un monde à la Métropolis, où l'humanité habite dans deux lieux socialement opposés, l'un pour une minorité favorisée qui vit dans la jouissance absolue sans rien faire, l'autre pour la majorité des rejetés, qui doit se démener pour fournir à Zalem de quoi vivre sans jamais avoir le moindre espoir d'approcher des bénédictions des premiers.
Car le monde du dessous fournit à Zalem sa nourriture, mais aussi ses divertissements. Et, en échange, Kuzutetsu ne reçoit que les déchets, que les rebuts, que ce qui est rejeté, ce dont Zalem ne veut plus. Et doit survivre avec ça, dans un monde ultra-violent.
L'une des grandes qualités de ce manga, c'est que l'action, les aventures du personnage de Gally vont rebondir dans différentes directions, permettant ainsi de découvrir des aspects très variés du monde de Kuzutetsu. Les bas-fonds infâmes, les championnats de Motorball, les fermes et le désert environnant, chaque épisode donne plus de profondeur à ce monde riche et fascinant.

L'autre grande qualité, c'est que l'environnement explique les actions des personnages. Bien souvent, la violence trouve son origine dans l'injustice subie par les habitants de la décharge. Et même si cette violence n'est jamais justifiée, en tout cas, les personnages de "méchants" ne sont jamais monolithiques. Chacun a ses propres raisons de vivre dans la criminalité ou la folie, des obsessions nées bien souvent de leur statut de victime sociale. Ainsi, Makaku, le premier des gros méchants complètement tarés que l'on rencontre, a grandi dans les égouts de la ville, rejeté par ceux qui sont rejetés, abandonné de tous au milieu des rats et de la pourriture. Et Den, le leader du barjack, n'est animé que par un rêve : faire écrouler Zalem pour mettre fin à l'injustice fondamentale de leur monde.
Drames, humour et beaucoup d'action (un peu gore parfois : j'ai renoncé à compter les membres arrachés, mais ça ne fait rien, parce que ce sont des cyborgs, donc on peut les reconstruire), Gunnm est un spectacle passionnant, où la tension ne chute que très rarement. Un excellent manga devenu une référence, à juste titre. Le seul reproche que je ferais, c'est qu'il est présenté dans un sens de lecture occidental, ce qui n'est sûrement pas conforme à ce qui devrait être.
SanFelice
9
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le 18 nov. 2013

Critique lue 357 fois

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SanFelice

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