Gunslinger Girl
7.3
Gunslinger Girl

Manga de Yu Aida (2002)

J'ai commencé à lire Gunslinger Girl il y a un très long moment. J'ai beaucoup tardé pour le venir. Mais j'ai été plus qu'heureuse de reprendre ce titre car Gunslinger Girl, je crois que cela a été une énorme révélation et un énorme coup de cœur. En même temps, je ne doutais pas des qualités de la série pour les tomes que j'avais pu lire, mais le fait de les enchaîner m'a surtout confortée dans l'idée que j'aurais dû lire ce chef-d'oeuvre beaucoup plus vite.

Alors, certes, Kazé a pris son temps pour achever la série, mais cela ne m'a jamais dérangée en ce qui me concerne étant donné le retard accumulé. En outre, même en prenant mon temps, cela n'a pas altéré la passion que j'éprouvais pour ce titre. Gunslinger Girl est un manga si bouleversant et marquant que c'est pour un titre à avoir absolument dans sa mangathèque, ni plus, ni moins.

J'espère parvenir à trouver les mots pour montrer l'engouement que j'ai ressenti tout au long de ma lecture. Je reviens quand même un peu sur le synopsis avec une action qui se déroule dans une Italie contemporaine qui est aux prises avec une vague importante de terrorisme. Celle-ci provient notamment des diverses oppositions entre les richesses des provinces du Nord et du Sud. Et c'est justement à cause de cette crise que des petits groupes extrémistes ont, petit à petit, gagné en puissance. Ils cherchent à secouer les autorités à travers des attentats qui ont lieu dans tout le pays. Les autorités étant totalement dépassées par l'ampleur du phénomène, c'est ainsi que va être créé le bureau d'aide sociale. Derrière cette couverture, on découvre un groupe de militaires et policiers également qui ont pour mission de traquer les terroristes et ce, peu importe la situation. Mais ce bureau a la particularité d'utiliser des équipes "Fratellis" et des cyborgs qui sont créés à partir de fillettes qui sont en recueillies par le bureau. Celles-ci ont souvent vécu des épreuves difficiles et la majeure partie d'entre elles sont laissées pour mortes. On découvre alors comment leurs corps sont transformés de façon à ce qu'elles aient une force hors du commun, de même qu'une certaine résistance. Afin d'éviter tout risque de dissidence, elles subissent régulièrement des lavages de cerveaux. On découvre également leurs entraînements sous la responsabilité d'un instructeur. Bref, elles sont des machines à tuer capables de tuer sans scrupules, mais sans pour autant s'en prendre à leurs instructeurs. Mais petit à petit (et cela commence à devenir l'un des fils directeurs du titre), on va découvrir que posséder ces nouveaux moyens coûte cher et que les fillettes ont une espérance de vie très courte : beaucoup d'entre elles ne parviendront jamais à l'adolescence. A travers différentes histoires, on va découvrir leurs parcours mais aussi ceux de leurs instructeurs sans compter les sombres machinations qui les attendent pour certains...

J'avais déjà un peu évoqué les points qui pouvaient interpeller dans les premiers tomes que j'avais pu lire, mais je crois qu'il faut quand même revenir sur l'un des grands enjeux du titres qui est dans le fait de pratiquer tous ces actes sur des enfants qui, dans le fond, n'ont pas forcément demander ce qui leur arrive. Le problème, c'est que sans cela, elles seraient aussi mortes. De ce fait, cela créé une certaine ambiguïté qui est présente pendant tout le titre. Ce traitement, pour ma part, a souvent été vu comme une seconde chance et fréquemment, les héroïnes le perçoivent aussi comme cela. A chaque fois qu'on aborde une nouvelle histoire, il y a toujours cette question qui revient sur le devant de la scène. C'est notamment lié au traitement qu'ont les instructeurs avec leur "fillette". On constate que les rapports sont différents : certains se prennent d'attachement et tentent de protéger au mieux leur fillette tandis que d'autres gardent une distance préférant ne voir en elles que des outils leur permettant d'arriver à leurs fins. Mais on va souvent se rendre compte que quand ils agissent ainsi, c'est pour se protéger car tous les personnages ont leur drame dans ce titre. On les découvre au fur et à mesure de la progression des tomes. Je crois que j'ai apprécié toutes les relations, même celles un peu plus compliquées. Mais la relation que j'ai aimée par-dessus toute, c'est sans doute celle de Petra et Alessandro. Cette relation était tellement incroyable, j'étais vraiment sous le charme. De ce fait, la finalité m'a réellement fait mal. Je ne vais pas m'étendre sur tous les drames car ce serait très long, mais pour vraiment comprendre ce qui lient un instructeur et sa "protégée", il faut lire le manga. C'est très bien construit et très profond.

Il reste que même si les héroïnes obéissent sans problème, on comprend que cela finit par avoir des retombées physiques ou psychologiques sur elles. On va notamment avoir des cas où elles vont chercher à être les meilleures pour impressionner leurs instructeurs ou au contraire, elles vont commencer à vivre les choses plutôt mal. Même si elles sont conditionnées, elles n'en demeurent pas moins des enfants, pré-ados ou ado (Petrouchka par exemple) qui se posent certaines questions, qui se demandent ce qu'aurait été leur vie si elles n'étaient pas au bureau d'aide sociale. Les quelques questionnements propres à des jeunes de cet âge sont intéressants et la mangaka ne manque jamais d'être subtile à ce sujet.

Les jeunes filles sont souvent conscientes de leur situation, de leur espérance de vie réduite et elles ne cherchent pas à les nier, mais plutôt à avoir un comportement réaliste. On découvre que chacune ont leur façon de faire : chercher l'affection de son instructeur, essayer d'être une petite fille normale, ou pour les plus matures, chercher quelque peu à remettre en question leur conditionnement (je prends encore le cas de Petrouchka, mais c'est parce qu'elle est la 2e génération de cyborgs). Pour autant, cela ne change rien à leur perception de voir les choses : il faut bien l'avouer, toutes acceptent leur finalité... On sait d'autant plus que pour la majeure partie, c'est inéluctable. C'est sans doute pour cette raison que l'attachement qu'elles éprouvent pour leurs instructeurs est une porte de sortie. Le cas le plus extrême restant forcément d'éprouver des sentiments amoureux pour l'instructeur. Là encore, je suis obligée de revenir sur le cas Petra/Alessandro parce que j'ai été totalement charmée par le revirement et la complicité. Je ne pensais pas également que Sandro serait si troublé. Il était trop mignon quelque part.

Le plus souvent, quand les sentiments deviennent plus intenses pour les héroïnes, c'est aussi à ce moment que les problèmes s'accentuent. Henriette entretient une relation atypique avec José. Et la fin qui est proposée est quasiment à l'image de tout ce qu'on avait pu découvrir les concernant. J'ai mon ventre qui s'est vraiment serré à ce moment-là :/

Au final, le conditionnement dont elles sont l'objet est supposé minimiser les risques (éviter ce type de sentiments), mais la mangaka cherche à montrer que la médecine ne peut pas tout contrôler et surtout pas les drames...

Gunslinger Girl est donc loin d'être un titre joyeux. C'est un manga dramatique surtout comme on aimerait en voir peut-être plus s'ils sont aussi bien traités. Chaque nouvelle histoire nous permet de découvrir un peu plus les demoiselles ou leurs instructeurs mais aussi de comprendre leurs situations souvent tragiques. Leur but étant de servir et protéger leur "fratello", on comprend l'importance que cela prend quand il y a un décès. Et même si elles sont normalement conditionnées, on finit par constater que le cerveau est plus complexe que cela et que c'est normal, qu'elles aussi, puissent ressentir diverses émotions.

J'ai été profondément touchée par les destins de Henriette, Petrouchka, mais aussi Triela qui est un personnage super dans le titre. Par ailleurs, quand on apprend le drame qui a touché la famille de Jean et José, on se sent presque meurtris, on comprend pourquoi Jean est ainsi (Je le trouvais parfois méchant). Il n'y a pas un destin qui ne touche pas.

Le dessin est aussi un des nombreux points forts du titre. C'est maîtrisé en fait. Les premiers tomes ne sont pas forcément les mieux menés, mais le travail est affiné au fur et à mesure et les tomes deviennent de plus en plus riches. Les paysages retranscrits et les monuments de l'Italie sont parfois majestueux. La mangaka exprime de manière judicieuse les divers sentiments des personnages, si bien qu'il est difficile de ne pas se sentir happés par ce qui est dégagé. Certaines actions sont superbes, notamment sur la fin où l'action est très présente (mais avec son lot de drames également ).

Pour conclure, je dirais que Gunslinger Girl est un titre exceptionnel, un de mes mangas phares à présent. Quand je l'ai terminé, je me sentais triste. Pourtant, le titre se finit avec une touche d'espoir magnifique, mais j'étais triste de laisser les personnages. J'espère que la mangaka nous donnera l'occasion de lire une autre de ses oeuvres. Un titre à dévorer!
Heyden17
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le 13 févr. 2015

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