En progrés, mais peut mieux faire

Hammer Session, où un énième manga dans le milieu scolaire. Série relativement courte (11 tomes qui se lisent rapidement) on est loin des 20 ou 30 tomes d'autres séries et pourtant, ça commence quand même à faire.
Alors qu'un yakuza, du nom d'Imamura va partir en prison, il se retrouve dans le même fourgon qu'un jeune homme plutôt beau gosse, paisible, calme et confiant. Or, quand le fourgon a un accident, ce jeune inconnu et Inamura s'enfuie et en profite pour tenter de sa cacher dans un collège situé sur une montagne. Or, là-bas, le directeur a bien du mal avec son nouveau professeur de mathématique, Goro Hachizuka, devenu pyromane face à la peur de ses futurs élèves.
Or, le criminel sans nom a bien une idée : prendre la place du professeur. Pourquoi et comment ? Tout simplement grâce à ses talents d’escroc professionnel. Manipulateur, doté d'une capacité de compréhension, d'analyse et d'adaptation à toute épreuve, le challenge du métier de professeur lui paraît bien agréable. Surtout, si, en échange, il peut éviter la prison. Ni une ni deux, le directeur accepte, Le criminel devient donc Goro Hachizuka (l'original restant cloitré chez lui avec des figurines de lolicons), professeur de mathématique, bien décidé à aider les collégiens en détresse.

Hammer Session est un manga sur le milieu scolaire comme il en existe tant. Dans cette catégorie, difficile de ne pas faire de référence à GTO, le plus célèbre des mangas de ce type. Pourtant, ici le traitement est très différent. Onizuka était un voyou qui avait fait les 400 coups mais doté d'un grand coeur, sa force était sa sincérité et sa ténacité. Du côté d'Hachizuka, le moins que l'on puisse dire c'est qu'il ne croit pas en la sincérité. Ayant toujours un coup d'avance sur ses élèves, il décide de les manipuler pour les remettre sur le droit chemin via des épreuves assez marquants (voir traumatisants) appelé Hammer Session.
On a donc deux personnages très différents. L'un est un vrai criminel, pas l'autre, l'un fait un peu idiot face à ses élèves tandis que le second tient du génie. Enfin, leurs "âmes" sont très différentes aussi. Là où Onizuka ressemble à un adolescent en manque de sexe, Goro lui, fait très pur, très innocent.
Le récit est également très différent, Hammer Session se voulant plus humoristique, plus doux finalement que GTO qui avait une véritable noirceur malgré tout.

Évidemment, on évite pas tous les stéréotypes de ce genre de récit, les trucs à propos desquels on est forcément habitué. En voici une liste : le directeur qui est du côté du héro, son fidèle compagnon a lui aussi un passé limite, une jeune professeur l'aide et tombe amoureuse de lui, cependant il ne se passe jamais rien réellement entre eux, le professeur de sport est un pervers et le déteste, un professeur plus intellectuel le hais aussi, une mère au moins sera envahissante, une élève tombera amoureuse de lui, son secret risquera d'être découverte, une autre collègue féminin arrivera et mettra mal à l'aise le personnage féminin principal, on verra des plans de culottes, les collégiennes font du 95E.
A côté de ça, on a évidemment beaucoup de problèmes standard de l'adolescence. Alors, évidemment certains sont lié au statut même de l'adolescence et donc on est pas étonné de les revoir (perdre sa virginité, tricher, arrêt les cours, être martyrisé, parents envahissants) mais d'autres sont quand même bien propre aux mangas (traumatisme car adopté, élève amoureux de son prof). De plus, comme tous les mangas de ce type, plus on avance plus on a du sordide (prostitution, violence parentale, viol).

A ce propos j'ai d'ailleurs été très déçu par les derniers arcs. En effet, on va dans la démesure avec un nouveau directeur qui va jusqu'à avoir un chien de garde pour aboyer sur les élèves ... On croirait voir une prison. Et puis, bien sur, il y a tout le délire sur le dernier récit. Puisque comme par hasard arrive une fille qui est la copie conforme d'une autre collégienne morte (tadam) et qui, forcément, déteste tous les adultes car, enfant, on lui a fait du mal.
Et franchement, là, c'est assez mal raconté. On est forcé de comparer à GTO et on voit bien que les récits sont moins poignants.
Globalement, les adolescents sonnent moins juste que dans GTO. Ils sont certes attachants, mais ils pourraient l'être d'avantage quand même. Leurs récits sont souvent assez peu touchants je trouve, si on compare aux élèves d'Onizuka.

Le récit a, évidemment, d'autres défauts. Le manque de développement de certains personnages, d'autres qui devraient être réexploité plus souvent. On regrettera aussi que Mlle Mizuki, tout en étant centrale, n'a rien de concret avec le héro. Ca peut être compréhensible dans une série comme GTO ou Fuyutsuki était très très discrète et peu sure de ses sentiments et où Onizuka était un gros boulet. Mais là, on peut en douter, Mizuki comprend vite qu'elle a de fort sentiment pour lui et c'est réciproque.
Enfaite, globalement, on peut regretter que Goro soit traité comme un enfant. Il est censé être un criminel de classe internationale et plus d'une fois on a le sentiment de passé à côté.
Même son histoire semble justifier cela (pauvre, sans argent pour manger, donc son premier "délit" fut de voler de la nourriture). Assumer son côté criminel aurait été bien mieux, plus réaliste, plus crédible mais aussi plus intéressant.

Finalement, c'est révélateur de Hammer Session, une série intéressante, séduisante, facile d'accès (le dessin est très cool, beau et également assez facile) mais qui, finalement, manque de profondeur et donne le sentiment d'avoir été trop vite traité sur quelques thématiques.
Notons qu'une suite Hammer Session Highschool est sortie (3 volumes), mais ne paraîtra sans doute jamais en France :(
mavhoc
7
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Créée

le 7 juil. 2014

Critique lue 663 fois

mavhoc

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