Troisième tome de la série Nightwing, celui-ci continue la descente qualitative du précédent. Si ce n'est jamais trop alarmant, il faut espérer que le prochain redressera la barre tant ça risque de devenir inquiétant sur le moyen terme. En attendant, ne boudons pas notre plaisir de retrouver une nouvelle fois notre ex-Robin préféré !
Malgré la couverture de l'album, ce tome est loin de se limiter à Death of the Family, mais amène plutôt 3 petites parties dans l'aventure Nightwing. Et là, avant de voir à la loupe chacune d'entre elles, il est de mon devoir de prévenir de l'élément le plus important : le changement d'équipe créative. 3 scénaristes et 4 dessinateurs ont travaillé sur ce tome, ça fait beaucoup de monde et les changement de narrations et de dessins peuvent choquer. Si pour la narration, on peut encore passer outre car on reste finalement sur des auteurs ayant des styles plus ou moins proches, autant en terme de dessin, on a vraiment le droit à des grosses nuances, parfois sur la même histoire (Death of the Family). C'est un risque à prendre. Personnellement, j'ai détesté ces changements incessants qui m'ont donné l'impression de ne jamais suivre une seule histoire unie. Chaque changement me faisait immédiatement sortir de l’œuvre, mais passons.

Tom DeFalco et Andres Guinaldo nous offre la première histoire. Alors que le Joker est de retour, Nightwing doit s'occuper de l'arrivée sur Gotham de Lady Shiva, une dangereuse tueuse, réputée mondialement qui l'avait vaincu à l'époque où il était Robin (Cf Nightwing #0 dans le tome 2). L'histoire se veut bien moins dark que les mêmes numéros de Batman. Ici, on voit l'évolution du cirque Haly, le rêve de Dick qui se transforme et sa relation avec Sonia Branch qui avance plus ou moins malgré une grande complexité. Affronter Shiva c'est aussi l'occasion de revoir le Pingouin qui peut donner des informations à Nightwing.
Au niveau dessin, Guinaldo fait le job. C'est pas incroyable et il y a quelques détails qui ne m'ont pas accroché outre mesure, mais sinon c'est quand même pas mal. On reste dans la norme de ce que l'on se doit de voir quand on lit du Nightwing. C'est très clair au niveau des couleurs, mais une nouvelle fois, ça colle avec le scénario. Quand bien même Shiva représenterait un danger, le ton de ces 2 chapitres est assez joyeux.
Cependant, ce passage n'a guère d'intérêt, à mon sens. A part mettre en avant deux-trois détails (Le Pingouin est un bon chef d'entreprise dans son genre, Batgirl est totalement traumatisée par le Joker, Dick voit son rêve d'un parc d'attraction s'améliorer, Sonia est-elle amoureuse ou non), on se dit au final qu'on a pas vu grand chose. Shiva repart aussi vite qu'elle était venu, amenant l'idée que bon, on a pas trop avancé non plus.

Heureusement, le round N°2 remet le dark au goût du jour avec les 3 chapitres de Death of the Family. On commence avec le retour du duo Higgins&Barrows. Eddy Barrows maitrise toujours aussi bien l'univers visuels, cependant on commencera à remarquer un côté très redondant dans son utilisation d'angles et d'expressions faciales. Finalement, Barrows non plus ne me convainc pas, je trouve qu'il manque d'évolution et nous ressert trop facilement des designs identiques entre les personnages. Il faut dire que cela vient d'une manière de dessiner assez reconnaissable, rendant immédiatement certains de ces gimmick totalement clichés quand on les a vu 3-4 fois.
Kyle Higgins pour sa part ose pas mal de chose. Il amène déjà Nightwing dans une situation psychologique très tendue. Il suffit de voir ce qu'il fera dans la troisième partie pour cerner qu'il a une idée globale. Pour lui, Death of the Family doit être un renversement total. Nightwing doit être choqué comme jamais. Pour cela Higgins ne lésine pas sur les moyens. Cependant, peut-être va-t-il trop loin ? En effet, plusieurs éléments de la "mythologie" naissante de Nightwing se verront supprimés de manière brutale. On peut se demander à quel point cela était mérité. Certes, ça fait avancer l'action, mai de manière rétrospective, on se dit qu'on nous a peut être offert pas mal d'éléments qui ne seront jamais réellement utilisés à cause de ça. Qu'on aime ou non ces choix (et ce n'est pas le cas), on ne peut nier que le premier chapitre est très "couillu", amenant beaucoup beaucoup d'action. Le second est légèrement moins fort, ayant pour seul et unique but d'amener à la confrontation final de Death of the Family.
Il s'agit là du chapitre 3, issu de Batman #17, avec le duo Snyder/Cappulo. Personnellement je ne juge guère vraiment ce passage. Il parait essentiel pour clôturer l'histoire et, dans le même temps, il est forcément à part, car centré sur Batman. Le changement de narration et de dessin peut être clairement choquant même si c'est un très bon niveau. La conclusion s'impose, on doit l'avoir, et donc, pour cela, on ne peut vraiment juger négativement ces changements brutaux, car ils étaient nécessaires.

Enfin, la dernière partie nous amène sur les conséquences de Death of the Family et de Batman Inc. Nous voyons également une vente aux enchères d'un objet très important pour Dick, qu'il essaiera de récupérer. Et là, gros soucis. Pour le scénario, c'est Kyle Higgins, et celui-ci cherche à nous raconter un récit très lent. Le but est de montrer à quel point Dick est perturbé (même si deux numéros dessus peuvent, peut être, ennuyer le lecteur). Malheureusement, il est aidé pour cela de Juan José Ryp au dessin et de Brett Smith à la couleur. Et, c'est presque triste à dire, mais j'ai détesté à cause de ces deux là ! Visuellement, je trouve les dessins franchement moyens, pas du tout charismatique et ne rendant rien (Damian et Sonia notamment), mais au niveau des couleurs, ça finit de m'achever, surtout que c'est en total opposition avec le travail de Batman #17, juste avant.
La transition est dure d'autant plus que la qualité n'est pas au rendez-vous pour le visuel. Vraiment j'ai eu beaucoup de mal graphiquement. Il faut dire que l'histoire a pour but de montrer que Dick a du mal à se remettre de l'attaque du Joker, puis ensuite, de ce qui s'est passé dans Batman Inc. Du coup, c'est un peu redondant, car les deux numéros font chacun écho à un moment de doute et d'hésitation. Le sentiment de ne pas avancer peut prendre le lecteur qui se dit qu'en substance, les deux numéros n'ont pas, dans leur propos, de si grande différence (malgré un changement scénaristique majeur bien sur). Les deux ont des constructions pas si éloignés d'ailleurs.

Finalement, que peut on retenir de ce tome ? Un dessin fluctuant, qui oscille entre le pas mal du tout (Cappulo) et le très mauvais (Ryp), un scénario qui est souvent lent, où on a l'impression d'aller un peu nul part. Entre la répétition des deux derniers chapitres et le sentiment de presque inutilité du début, on se dit que Death of the Family apparaît comme salutaire malgré des choix scénaristiques drastique au possible.
Surtout, on ne retrouve plus l'élan des premières aventures. L'histoire, en étant si ciselé, donne l'impression de ne plus autant évoluer, car manquant d'unité. Espérons que le tome 4 saura ramener cette unité perdu dans ce troisième tome de Nightwing
mavhoc
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le 20 avr. 2014

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le 21 avr. 2014

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mavhoc

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