Hobo Mom
6.4
Hobo Mom

BD (divers) de Charles Forsman et Max de Radiguès (2015)

Voici l’essentiel du texte qui introduit l’album :


« Phénomène nord-américain, les « hobos » ne sont pas des mendiants, des clochards ou de simples vagabonds. Ce sont des travailleurs saisonniers qui vont d’un État à un autre au hasard des trains de marchandises dans lesquels ils embarquent clandestinement. Être hobo n’est pas une fatalité, c’est un choix de vie. En choisissant le parti de la liberté, ils acceptent une précarité manifeste. C’est ainsi qu’ils incarnent une certaine vision du rêve américain. Ces marginaux ont aussi leurs codes et leurs rites qui régissent leur communauté. Ils ont leur propre écriture, constituée de symboles tracés à la craie le long des voies ferrées et à l’entrée des villes. « … » On recensait environ 20 000 hobos au milieu des années 1980 et, aujourd’hui encore, cette culture singulière est partagée par de nombreux individus en quête de liberté. »


Si Natasha vit clairement en hobo et si on la voit effectivement voyager comme décrit plus haut, le scénario se concentre essentiellement sur les conséquences sentimentales et familiales de son choix de vie.


Pour mieux se fondre dans son personnage confronté à une vie rude, Natasha s’habille comme un homme. Ce en quoi la jeune Sissy lui ressemble (telle mère, telle fille), sous le physique de la jeunesse qui se cherche encore. Ce qui ne l’empêche pas d’afficher un cœur d’artichaut, en câlinant son lapin, gagné par son père à la foire. Sissy vit avec son père qui ne lui a jamais rien dit de sa mère. On sent qu’il a longuement réfléchi à la situation et il semble avoir fait un trait sur Natasha. Il ne faudra pas grand-chose pour rallumer la flamme…


Avec cet album assez minimaliste, les auteurs présentent une histoire émouvante qui laisse des traces. Le minimalisme est dans les dessins (traits nets mais sans surcharge, peu de décors, noir et blanc avec quelques touches d’un rose discret), ainsi que dans le scénario (peu de dialogues, quelques situations en forme d’ellipse et une narration qui laisse la place à l’imaginaire du lecteur). Un album au format 21,7 x 17,6 cm dont les 60 planches se parcourent rapidement.


Hobo avant tout, voilà qui justifie aisément le peu qu’on saura sur Natasha. On n’en saura guère plus sur le père de Sissy, serrurier gardien des clés. On sent chez lui une grande tendresse pour sa fille, mais aussi un caractère bourru typiquement masculin. Difficile dans ces conditions d’élever seul une petite fille. C’est probablement le plus gros reproche qu’il ait à faire à Natasha. Il connaît son besoin d’indépendance, de liberté, ce qui ne l’empêche pas de crever d’envie de tenter le coup.


Cosigné Charles Forsman et Max de Radiguès, l’album ne comporte aucune indication permettant de savoir qui a fait quoi. Enfin, l’album est initialement paru en version italienne (novembre 2014), alors que la version française date de septembre 2015.

Electron
6
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le 24 juil. 2019

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