Malgré le nom de Motoro MASE quasiment inconnu jusque là dans nos contrées, Ikigami a sût se faire remarquer lors de son arrivée en France. Bien mis en avant servi par une campagne de pub réussie, un accueil critique chaleureux et raflant de nombreux prix lors de différents festivals, difficile quand on suit l'actualité des sorties mangas en France de ne pas avoir entendu parler d'Ikigami tant celui-ci aura fait du bruit et il est autant plus difficile de résister à son charme à la lecture des premiers volumes !

En effet, ceux-ci mettent en scène avec brio un contexte alléchant nous faisant prendre conscience du potentiel que possède ce manga : dans un pays fictif, une nouvelle loi vient d'être promulguée. Dès leurs entrées à l'école primaire, tous les enfants doivent se faire administrer un vaccin spécial. Un de ces vaccins sur mille contient une capsule qui tue la personne l'ayant contracté vers l'âge de 18-24 ans ceci dans le but de faire prendre conscience à la population de la valeur de la vie. Nous suivons donc Kengo Fujimoto, fonctionnaire travaillant pour l’État ayant pour mission de délivrer l'Ikigami, un préavis annonçant la mort des malheureux possédant la capsule 24 heures avant leurs décès.

La structure scénaristique de Ikigami se définie par des histoires courtes tournant autour de personnages peu de temps avant qu'ils reçoivent l'Ikigami jusqu'à leurs morts, en parallèle nous suivons Fujimoto dans ses réflexions sur cette loi. Dans un premier temps, c'est très efficace !
Les histoires qui nous sont contés sont vraiment intéressantes pour plusieurs raisons : déjà l'ambiance et la tension posées par l'auteur fonctionnent très bien. Dès le moment où le personnage reçoit l'Ikigami, on ressent un certain malaise et on arrive à ressentir de la compassion pour celui qui vient de le recevoir, on a limite peur lors de la lecture ! De plus, chaque personnage a une façon différente de percevoir sa réception de l'Ikigami et sa manière d'utiliser les 24 heures restantes de sa vie. Ainsi, bien que la réception de l'Ikigami sera souvent faite de façon dramatique, voire violente, certains verront cela de façon totalement différente, comme une libération voire même dans un cas comme un honneur. Les personnages profiteront ensuite des 24 heures qu'ils leurs sont attribués de façons différentes, souvent pour réaliser leurs rêves, parfois pour se venger, parfois pour réparer des fautes qu'ils ont commis dans leur vie... Certaines histoires sont vraiment touchantes bien qu'elles tombent parfois dans le pathos, mais dans l'ensemble, les premières histoires restent justes, bien écrites et sont suffisamment bien rythmées pour que la lecture soit appréciable tout du long !
A côté, les questionnements de Fujimoto sont eux aussi intéressants car ils nous posent de vraies questions sur les droits de vie et de mort de l’État à l'égard de la population ou même sur la légitimité d'une telle loi et de son aspect éthique, car si l'Ikigami semble être néfaste d'un point de vue humain, il réussi à pousser des gens à repousser leurs limites et à accomplir des choses qu'ils n'auraient jamais réalisés sans.

Seulement, tout cela paraissait trop beau et si les premiers volumes sont très encourageants, la suite l'est beaucoup moins. En effet, on retrouve déjà un défaut récurrent aux œuvres à format épisodique, la répétitivité. Si le concept sait se renouveler pendant bien 4-5 tomes, il commence à s'essouffler par la suite avec des histoires qui se ressemblent les unes des autres. On a bien quelques histoires qui se démarquent du lot de temps en temps, mais globalement, les personnages profiteront de leurs 24 heures soit en réalisant leurs rêves, soit en réparant des fautes qu'ils ont commis. De plus, l'histoire de fond avec Fujimoto avance beaucoup trop lentement pour se révéler palpitante et ce n'est pas le charisme faiblard de notre fonctionnaire qui nous aide à nous y attacher davantage. Et que dire de cette fin décevante où j'ai plus eu l'impression que l'auteur fuyait préférant se tourner vers la facilité plutôt que de faire quelque chose qui vienne poser des réponses aux questions qu'il avait posé tout le long de son récit dans une conclusion satisfaisante !

Concernant le dessin, il est correct sans pour autant être magnifique. Si il n'y a rien à redire sur les décors, les personnages sont parfois un peu grossiers notamment à cause du manque de détails sur certains visages et du trait trop épais de l'auteur (c'est dommage car sur certaines planches, il utilise un trait fin qui rend très bien).

En conclusion Ikigami n'est pas un mauvais manga, loin de là, mais c'est une déception. Partant d'un postulat de base vraiment intéressant plantant un contexte et une ambiance efficaces, celui-ci perd en intérêt au fur et à mesure des tomes se coinçant dans une répétitivité dont il aura du mal à sortir faisant que l'on peinera à se passionner pour ces personnages dont le hasard leurs aura choisi un destin funeste. Ikigami aurait mérité à faire 3-4 tomes en moins sans que cela ne l'handicape, bien au contraire !
Shueisha
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le 29 déc. 2014

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Pierre

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