Pour les adeptes de superhéroïne sexy et communiste dans la cité des Anges...

La couverture du premier tome de « Red Skin » attirait l’œil et éveillait la curiosité. On y découvrait une splendide jeune femme nue aux formes parfaites qui ne pouvait laisser indifférent. Ses seuls accessoires étaient une faucille et un marteau. La présence de Xavier Dorison avait fini de me convaincre d’en découvrir davantage sur cette nouvelle série. La lecture s’est avérée divertissante et m’a donc fait accueillir avec joie la parution du second épisode intitulé « Jacky » il y a quelques semaines. Cette fois-ci l’héroïne est davantage vêtue. Cela ne l’empêche d’être toujours accompagnée de ses deux armes originales en hommage à l’empire soviétique. Le fond rose ajoute une touche colorée appréciable à cette jeune femme haute en couleur !


Comme je l’évoque en introduction, le nom de Xavier Dorison est à mes yeux un gage de qualité dans l’univers du neuvième art. Je l’ai découvert en lisant « Le troisième testament ». J’ai immédiatement succombé aux charmes de ce thriller ésotérique. Depuis cette rencontre, je guette chacune de ses nouvelles productions. J’ai donc pris énormément de plaisir suivre les pas des enquêteurs de « W.E.S.T », à partir à l’aventure avec des pirates charismatiques dans « Long John Silver » et tant d’autres… Je n’ai jamais été déçu par la plume scénariste de cet auteur. Par contre, je dois avouer qu’avant ma lecture de « Red Skin », le travail de Terry Dodson m’était inconnu. Je savais uniquement qu’il était un dessinateur de comics. Je dois bien avouer qu’il s’agit d’un domaine dans lequel je suis inculte. Néanmoins, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir son trait qui offre une personnalité originale et intéressante à la série.


Red Skin est le surnom que s’est donnée la ravissante Véra Yelnikov. Agent surentrainée du KGB, elle est en mission. A la fin des années 70, un dingue se faisant appeler « Le Charpentier » est devenu le justicier à la mode aux Etats-Unis. Il punit mortellement tous ceux qui ne se montrent pas dignes des valeurs de l’Eglise : homosexuels, pornographes, délinquants, communistes… Personne ne semble y échapper. Ce personnage est soutenu par Jackie Core, pasteur et idole de ses adeptes fascistes. Cette prise de pouvoir médiatique ne ravit pas les hautes sphères de Moscou. Véra est donc missionnée pour prendre les traits d’une superhéroïne dans le but de faire concurrence au Charpentier, lui prendre le leadership populaire pour pouvoir le faire disparaitre sans en faire un martyr. Mais tout n’est pas si simple…


Véra est donc un produit de l’idéologie soviétique. La première étape de son immersion en territoire hostile a été d’arriver à rendre crédible son personnage d’Alabama Jane. En effet, la rupture entre la société communiste dont elle est issue et la société de consommation qui l’accueille est radicale ! Cette intégration était un des aspects importants du premier tome. Elle donnait lieu à des moments drôles et décalés. Le temps faisant son œuvre, c’est moins le cas dans ce nouvel opus même si l’héroïne conserve une naïveté touchante et confondante à propos de la civilisation américaine. En cela, sa « couverture » est une belle réussite. En effet, officiellement Véra travaille pour Lew Gardner, réalisateur de films pour adultes. Le vieux grincheux est déconcerté par sa nouvelle assistante qui le touche autant qu’elle l’énerve. Leur duo est une belle réussite qui fait mouche à chacune de leurs apparitions. Que ce soit en moto, en cuisine ou sur les plateaux, ce couple improbable ne laisse pas indifférent !


Il ne peut y avoir d’histoire de superhéros réussie sans un bon méchant. « Red Skin » répond à cet adage en offrant un duo d’adversaire intéressant. Le plus mystérieux et inquiétant prend le trait du Charpentier. Il est certain qu’il ne possède pas les codes vestimentaires du justicier classique. Néanmoins, son efficacité à faire appliquer ses principes extrémistes dans le sang et la violence en fait quelqu’un qui ne laisse pas indifférent. De plus, les zones d’ombre qui l’accompagnent sont suffisamment denses pour éveiller la curiosité. Le tome précédent se concluait sur son combat avec Véra. La suite de leur relation conflictuelle est de qualité car elle mêle adversité et mystère. On pourra juste regretter que les révélations quant au réel rôle du Charpentier soient un petit peu succinctes et lentes à se dévoiler. Mais le Charpentier n’est finalement que le bras droit exécutant de la prêcheuse Jackie Core. Ce personnage de pasteur fasciste qui revendique une inquisition moderne contre la lie de sa société est une belle réussite. Elle est insupportable, irritante, manipulatrice et inquiétante. Il est rare de voir une personne à l’apparence si banale provoquer de tels sentiments. Il s’agit incontestablement du résultat d’un beau travail d’écriture. Néanmoins, comme pour le Charpentier, je trouve qu’on aimerait la connaître davantage alors que deux épisodes sont déjà parus.


Comme je le sous-entends dans le paragraphe précédent, l’intrigue n’est pas d’un rythme particulièrement soutenu. Les révélations sont rares. J’aurais même tendance à dire que le schmilblick n’a pas beaucoup avancé depuis la première moitié du premier tome. Je pense que cela est dû au fait que les auteurs veulent laisser une place très (trop ?) importante à leur héroïne. Les moments de séduction, les scènes de combat ou encore les scènes de « naïveté » sont légion. Je ne le regrette pas car elles participent activement au plaisir de la lecture. Dommage qu’elles ne laissent pas d’espace au déroulement d’une trame plus dense. Je pense que les deux ne sont pas incompatibles. Le dénouement de cet épisode laisse bon espoir quant à un changement de braquet dans l’avancée de la narration. Ce léger bémol n’empêche pas de passer un agréable moment.


J’ai retrouvé avec joie le trait de Terry Dodson. Son style « comics » s’accorde parfaitement avec le scénario de Xavier Dorison. J’apprécie de découvrir un nouvel univers graphique à travers la lecture de cette série. Le travail sur les personnages. Il leur offre une identité intéressante. Qu’ils soient centraux ou secondaires, personne n’est négligé. Dodson maîtrise aussi bien les plans larges que les gros plans, autant les scènes de discussion que les scènes d’action. De plus, son travail sur les couleurs met particulièrement en avant l’ambiance californienne qui transpire de chacune des pages.


Pour conclure, « Jacky » offre une suite intéressante et agréable aux aventures de Red Skin. L’atmosphère divertissante et légère est toujours aussi appréciable au cours de la lecture. Mon seul regret réside dans le manque de densité narrative et la relative lenteur de déroulement du fil conducteur. Cette faiblesse ne m’empêche d’attendre avec curiosité la parution du prochain acte que j’aurai plaisir à découvrir. Mais cela est une autre histoire…

Eric17
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le 15 juil. 2016

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