Le Retour de la Vengeance

Malgré l’emballement médiatique autour de Kick-Ass – consécutif à une publication française calée avec la sortie en salles de son adaptation – ce fût tout-de-même une bonne surprise. Son soucis de crédibiliser ses personnages et son côté foutrement incorrect en faisaient une œuvre mine de rien plutôt jouissive ; si vous en êtes resté au long-métrage, dites-vous bien que celui-ci fait un peu « Pays des Bisounours » par rapport au comics.
Seulement, Kick-Ass 2 ne pouvant plus bénéficier de l’effet de surprise, que lui reste-t-il à proposer ?

Car, soyons honnête : même si la première mini-série laissait la porte ouverte à une suite, celle-ci n’était absolument pas nécessaire. Enfin, sauf si vous êtes un employé de chez Marvel Comics qui se dit (à raison) qu’il y a encore du fric à se faire avec Kick-Ass.
Pour Kick-Ass 2, les auteurs revisitent les équipes de super-héros, ce qui dans un sens est plutôt attendu. Mais toujours avec ce soucis de réalisme. Du côté des gentils, nous y trouvons une large proportion d’inadaptés sociaux passionnés de comics, et un nombre tout-de-même conséquent d’individus qui voient dans ce phénomène du « héros du quotidien » (une réalité aux USA) un moyen de venir en aide aux autres. Chez les méchants, les mêmes inadaptés sociaux côtoient des rebelles en lutte contre le système, et au moins une personne que Chris Genovese paye très cher pour s’occuper des basses besognes demandant des capacités réelles en matière de combat.

Le scénario s’arrête là : d’un côté les gentils, de l’autre les méchants, et dès le début nous savons qu’ils vont se taper dessus à la fin. Par rapport à la première série qui réservait quelques révélations étonnantes, celle-ci est beaucoup plus basique. Elle s’avère aussi beaucoup plus glauque et sordide, compensant l’impossibilité de reprendre certaines des meilleures idées de Kick-Ass par une violence plus extrême et surtout plus gratuite.
Évidemment, impossible de reprocher à Mark Millar d’écrire une histoire violente et faussement réactionnaire, dans la mesure où il s’agit du second opus et que les lecteurs doivent donc s’attendre à ce qu’il reprenne la même recette. Néanmoins, le scénario de la première série possédait malgré tout une relative finesse, totalement absente de cette suite.
Comme indiqué tantôt, Kick-Ass 2 n’était pas nécessaire à l’univers Kick-Ass ; l’original se suffit à lui-même. Cette série compte avant tout sur sa violence et son immoralité, et malgré quelques scènes véritablement jouissives et le niveau de délire dans lequel les personnages sont capables de partir, il ne s’agit finalement que d’un honnête divertissement, loin d’être aussi marquant que la première mini-série. Un titre qui sera donc à prendre comme un simple bonus, sans surprise, pour ceux qui ont aimé l’original.