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Définitivement plus de Jacobs et voilà le premier opus entièrement composé par d'autres, L'Affaire Francis Blake. Il y avait de quoi se prendre un gadin monumental, sans pouvoir sortir l'excuse d'avoir le droit de faire de la nullité avec sa propre création. Mais je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps, ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout de la nullité, très très loin de là. Au contraire, il est tout à fait digne des sommets antérieurs.


Déjà, il faut s'arrêter sur la couverture. Je ne sais pas qui l'a choisie, mais franchement elle donne sérieusement envie. Blake en train de dîner avec son grand ennemi, Olrik, et entre les deux, Jack, le sbire qui a tenté de faire passer de vie à trépas notre capitaine dans Le Mystère de la grande pyramide. On se doute bien que le grand modèle de droiture qu'est notre héros ne peut pas tomber dans la traîtrise. Quant à notre antagoniste, travailler au service d'une bonne cause, non, impossible, ce n'est pas assez amusant, voyons. Une petite parenthèse, les auteurs ont très bien saisi que c'est le motif de la recherche d'amusement qui guide principalement les actes du colonel ; d'ailleurs, celui-ci l'avoue cash à Blake. Mais pour en revenir à la couverture, elle donne tout de suite envie de savoir ce qui met en présence ces deux (ou trois !) personnages dans une circonstance aussi improbable.


Bref, j'ai beaucoup aimé cet opus et comme je suis impatient de dire pourquoi, je vais tout de suite me débarrasser dans un premier temps d'une invraisemblance pas trop gênante, mais je ne peux pas m'empêcher de la signaler.


À un moment donné, le MI6 demande à ce que Mortimer soit suivi sans qu'il s'en aperçoive pour qu'il puisse les mener, en toute méconnaissance de cause et sans méfiance, à la cachette de Blake. Euh d'accord, mais faire stopper un train à un arrêt inhabituel et débarquer en disant près des wagons qu'ils recherchent un type avec une barbe rousse, c'est efficace ça pour entreprendre une filature. Autant y aller avec un mégaphone et toutes sirènes hurlantes alors ; cela aurait été aussi intelligent.


Mais, maintenant, la partie plaisante, les qualités qui font très largement pencher la balance du côté positif.


En effet, Jean Van Hamme et Ted Benoit sont parvenus à créer une aventure, entre thriller et espionnage, qui ne laisse pas la plus petite case au temps mort, à l'ennui. Le rythme est soutenu du début jusqu'à la fin. On n'a vraiment pas envie de lâcher la BD avant d'avoir atteint la dernière page. Une des raisons à cela, c'est que les textes descriptifs, auparavant assez chargés, sont ici allégés. Par contre, rendons à César ce qui est à César, Jacobs l'avait déjà fait dans son dernier album Les Trois Formules du professeur Satō. Mais c'est très bien d'avoir continué ainsi.


Les références cinéphiles aux films d'Hitchcock, Les 39 Marches et La Mort aux trousses, sont ingénieuses et très bien incorporées à l'intrigue. Jacobs lui-même était loin de rechigner à faire des clins d’œil au septième art, donc pourquoi s'en priver. Et les auteurs n'ont pas aussi oublié que Jacobs a été pendant longtemps un collaborateur d'Hergé en posant l'histoire dans un cadre et dans des décors qui font sérieusement penser à L'Île Noire.


Et si le père de Blake et Mortimer a été d'une très grande générosité en très bonnes choses, les personnages féminins forts n'en font pas partie. Donc cela fait plaisir, à travers Virginia Campbell, la "cousine" de Blake, d'en voir enfin en apparaître un dans cette série.


Et c'est très bien d'avoir transposé l'ensemble dans les années 1950. Je pense que c'est la période qui colle le mieux à l'ambiance de cette BD.


Ah oui, un dernier point et pas des moindres, le graphisme est à la hauteur. Il fallait évidemment le mentionner.


Bref, L'Affaire Francis Blake parvient à réussir la gageure d'être respectueux de l'univers Jacobs, de ne jamais le trahir, tout en le renouvelant.

Plume231
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le 5 mars 2021

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