L'Enfance d'Alan
7.6
L'Enfance d'Alan

BD franco-belge de Emmanuel Guibert (2012)

Après avoir relaté le quotidien de son ami américain Alan Ingram Cope dans La guerre d’Alan, Emmanuel Guibert récidive en s’attachant cette fois-ci à son enfance. De sa naissance en 1925 à la mort de sa mère en 1936, ce sont les onze premières années de sa vie qui sont ici retranscrites. Une enfance heureuse dans une famille modeste venue s’installer en Californie du sud. D’imposants chapitres sont consacrés aux grands-parents et l’album se clôture sur la figure de cette mère trop tôt disparue et de la répercussion que ce décès aura sur le petit Alan. Entre ces moments familiaux plus ou moins douloureux, quelques scènes de la vie ordinaire dans cette Amérique des années 30 frappée de plein fouet par la crise.

Le récit retrace plus ou moins fidèlement les confessions faites par Alan à Emmanuel Guibert. Des heures passées à écouter et enregistrer les propos de cet ami avec lequel le dessinateur aimait se retrouver tous les soirs dans son jardin de l’île de Ré. Alan est décédé en 1999 mais aujourd’hui encore, Guibert se souvient de ces moments de bonheur comme si c’était hier : "Chaque fois que je plonge la main dans ce vivier pour en retirer les éléments d’un livre, cette main rencontre un milieu accueillant, qui a la consistance et le parfum qu’avait l’air à ce moment-là" (interview Casemate, octobre 2012).

Deux difficultés majeures sont à contourner lorsque l’on se lance dans un tel projet. D’abord, il faut parvenir à trier, découper, monter et illustrer un témoignage qui, à la base, ne peut tenir en 160 pages. Ensuite, il faut éviter de tomber dans la mièvrerie d’un hommage trop solennel et trop gratuitement nostalgique. Inutile de vous dire que Guibert efface ces deux obstacles avec brio. Son découpage alternant les cases blanches ultra dépouillées et les vignettes aux décors somptueux créé une parfaite alchimie. L’énorme travail de documentation permet par ailleurs de s’immerger totalement dans cette Californie des années 30 au charme rétro. D’autre part, la « voix » d’Alan traverse l’album avec une sobriété et une justesse qui éloigne ce récit du ton plaintif de l’élégie.
Un ouvrage magnifique qui, au-delà de l’histoire particulière d’un homme, touche incontestablement à l’universel.
jerome60
8
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le 3 oct. 2012

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jerome60

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