Deux années d’attente pour retrouver la Horde, et voilà que ce deuxième tome nous replonge dans l’univers de Damasio avec la même intensité, mais en déplaçant légèrement le curseur. Je l'avais découvert à l'époque de ça sorti, ne me forçant pas à relire le premier tome que j'avais déjà bien tête. Ici, le souffle du vent laisse parfois place au silence, à un répit trompeur qui installe une tension sourde et curieusement plus à échelle humaine.


Visuellement, c’est encore une claque.

Henninot maîtrise ses paysages, et la planète Vent continue de fasciner, de broyer les personnages dans son immensité. Mais surtout, c’est cette manière de rendre palpable la pause, l’entre-deux. La rencontre avec les Fréoles en est l’exemple parfait, un moment d’accalmie où l’on croit pouvoir souffler, mais qui finit par alourdir l’atmosphère. Le dessin sait alterner entre calme et déchaînement, entre contemplation et apothéose, et cette maîtrise du rythme est remarquable.


Côté personnages, la Horde gagne en relief. Erg prend une puissance incroyable, certaines scènes le mettent littéralement en valeur, tandis que Sov commence à douter, à questionner, à fissurer la façade de cette marche collective. C’est là que l’adaptation trouve sa force, chaque membre de la Horde existe, gagne en intensité, et on sent déjà que les tensions internes ne demandent qu’à exploser. Là où le roman exigeait un effort de projection, la BD offre une lecture plus directe, plus charnelle des personnalités.

D'ailleurs, dans le premier tome, comme dans le roman, on peut se perdre avec tous ces personnages et on commence à les apprécier qu'à partir de cet endroit du récit.


L’intrigue s’épaissit également, avec l’apparition d’un enjeu politique qui ne figurait pas aussi frontalement dans le premier tome. On comprend que la quête vers l’Extrême-Amont n’est pas une évidence pour tous, et que des forces en présence ont intérêt à ce qu’elle échoue. C’est une ouverture bienvenue, qui complexifie le monde sans casser la dynamique de la Horde.

D'ailleurs dans le roman c'est une bouffé d'air frais (sans mauvais jeu de mot), car un antagoniste à besoin d'être un peu plus palpable que simplement "la nature".

Bien sûr, tout n’est pas parfait, certaines séquences d’action, notamment le fameux “jeu des torches”, deviennent un peu brouillonnes à la lecture. On s’y perd, on doit revenir en arrière, comme si notre regard devait lutter contre un manque de visibilité de mise en scène.

Ce deuxième tome, en ralentissant la marche, en donnant plus d’espace aux personnages et en instillant une tension nouvelle, confirme la réussite de cette adaptation. On en ressort avec le sentiment d’avoir traversé une étape plus feutrée, presque suspendue, où chaque accalmi prépare la tempête à venir. Une suite à la fois apaisée et angoissante, qui prouve que la BD sait capter le souffle de Damasio sans jamais le trahir.

KumaCreep
8
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le 18 août 2025

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