Maika est une jeune adolescente qui partage un lien psychique avec un monstre aux pouvoirs incommensurables. Et ce lien va profondément les affecter tous les deux. Il va placer Maika au centre d'une guerre terrible entre les Humains et des forces issues d'un autre monde...
J’avais repéré le comics en librairie grâce à sa sublime couverture et c’est finalement une amie qui me l’a prêté. Je pense d’ailleurs acheter la suite pour avoir dans ma bibliothèque ces planches incroyables et cette histoire passionnante !


Comme l’indique le résumé de l’éditeur, l’héroïne se nomme Maïka, elle appartient à la race des Arcaniques. Le contexte est tendu puisque le pays est en guerre. Humains et Arcaniques s’affrontent dans un conflit violent. L’histoire s’ouvre sur l’arrivée, en tant qu’esclave, de Maïka chez les Cumaea, un ordre religieux autonome influent qui exploite et tue les Archaniques. En parallèle, nous découvrons quelques bribes du passé de la jeune fille. Elle possède une force cachée qu’elle ne maîtrise pas. Un monstre, peut-être un dieu, est dissimulé au cœur de son âme.


Les deux autrices nous proposent un univers complexe, foisonnant et fascinant. L’architecture, la hiérarchie de ce monde se découvre au fil des pages. L’intrigue principale se mêle aux enjeux politiques et sociétaux créés par les règles particulières de cette société imaginaire. On brule d’en savoir plus et de pouvoir fouiller dans les entrailles de cette civilisation. Il n’y a pas de manichéisme, c’est ce qui rend chaque personnage intéressant et permet aussi d’installer un suspense très efficace. Pour donner un exemple sans faire de spoiler, un personnage cruel et néfaste s’avère être à la fin de ce premier tome un agent double. Pour une fois je n’avais rien vu venir et c’est agréable. Le comics est un véritable « page-turner » où chaque planche est plus éblouissante que la précédente. Pour un premier tome, il est satisfaisant d’avoir déjà le droit à des révélations ; la curiosité n’en est qu’accrue.


On suit donc avidement le destin de toutes ces femmes. C’est d’ailleurs une des autres forces de cette histoire. Le féminin y incarne toutes les races, toutes les couches de la société sans tomber dans le féminisme militant et ses gros sabots.


Ce mélange entre le bien et le mal se retrouve dans la narration et le développement des personnages en eux-mêmes. L’héroïne est victime de nombreuses injustices mais est aussi capable du pire. Elle dévore un enfant. Chacun suit ses intérêts au risque de détruire ce qui se trouve sur son passage. De même, le dessin de Sana Takeda est rond, doux, soyeux. Ses petits personnages et ses créatures sont immédiatement attachantes. Ces mignonneries produisent un énorme contraste avec les scènes cruelles, violentes et sanglantes dont le lecteur est témoin. Torture, meurtre, combats rythment aussi le récit. (Ce n’est pas une lecture pour un jeune public).
Nous sommes donc dans un œuvre de fantasy et j’ai apprécié sortir du cadre médiéval occidental habituellement choisi pour narrer de ce type récit. Ici c’est l’univers asiatique qui sert de base à la création. Il est habilement mêlé au style art-déco qui se retrouve dans les bâtiments et les costumes. L’auteur utilise des références au renard à neuf queues et les chats sont puissants et omniprésents. Les dessins en eux même sont fabuleux : les lignes sont fluides, les décors impressionnants et soignés dans le soucis du détail. J’ai aussi trouvé que dans une certaine mesure, les traits de la dessinatrice se rapprochaient de ceux qu’on trouve dans les mangas. Cette originalité m’a fait apprécier davantage le travail de ses deux créatrices.


Un ouvrage qui est donc un véritable plaisir pour les yeux et qui saura stimuler votre curiosité et votre impatience. La complexité du récit au premier abord (merci aux petits encarts explicatifs dispensés par les maîtres chats !) est vite effacée par l’envie de découvrir les richesses de l’univers proposé. C’est un véritable coup de cœur.


Critique à retrouver chez le mouton curieux

titaboris
9
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le 28 févr. 2022

Critique lue 22 fois

titaboris

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