J’en connais qui ont bien rigolé quand ils m’ont vu avec la pochette de ce livre aux couleurs fluos bien kitsch et son illustration d’héroïc fantasy un peu à l’ancienne…

Et bien sachez-le, le titre a été pour moi une vraie pépite bien sucrée aux amphèts’ et garnie de doigts crochus d’orcs…


Dans un monde où une caste de magiciens règne en seigneur sur des gueux constitués de demi-elfes, d’hommes, de nains et autres lutins, prélevant de temps à autre des enfants dans leur population pour en faire des esclaves magiciens. Dans ce monde donc, pourri jusqu’à la moelle, où règne la pauvreté la plus extrême, Urghria, corsaire de profession, recrute pour une expédition sur l’ile aux Orcs. Son but ? Revenir avec une denrée pouvant lui apporter une grande richesse : des cranes d’Orc.

Pour cette mission, elle trouve chez un jeune demi elfe nommé Cerrin venu de « ruelle-à-merde » (ça ne s’invente pas) assez de désespoir pour partir dans cette aventure suicidaire. Ils seront accompagnés d’un esclave/magicien très flippant et d’une bande de « Drave » sorte de créatures / animaux ultra-violents. Ce ne sera pas trop pour cette équipée qui va devoir faire face à une résistance plus forte que prévue et surtout à une culture Orc bien plus fine et profonde qu’ils ne l’avaient imaginé…


L’ile aux Orcs est un one shot de dark fantasy, qui se lit d’une traite et fait l’effet d’une grosse baffe balourde donnée en sortie d’une taverne par un Orc sous ecstasy. Le dessin d’Amberto Ponticelli est formidable dans sa mise en page, inventive, et dans son dessin, très expressif. La couleur flash et fluo arrive aussi bien à faire transparaitre l’ambiance poisseuse et décrépie de la première partie de l’histoire que les scènes luxuriantes et totalement psychédéliques de la dernière moitié de l’ouvrage.

Attention tout de même, l’ouvrage, se lit comme un parcours intense et grisant mais propose des scènes très violentes, totalement gores, jusqu’à devenir parfois grotesque (dans le bon sens du terme). On en ressort halluciné, fatigué, vidé et même si on s’est bien amusé pendant la lecture, le nihilisme total de l’histoire laisse tout de même un arrière-goût âpre de désespoir.


Du très bon, qui ne plaira pas à tout le monde hélas mais qui vaut un 9/10 pour moi !

Emilien


PapierBulles
9
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le 11 sept. 2025

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